Ce film est monté haut dans mon estime, très haut même, beaucoup trop haut finalement. C’était l’époque où le cinéphile en moi dormait encore du sommeil de l’injuste, époque où je crachais assez volontiers sur les vieux films, sur un Errol Flynn vraiment hideux dans ses collants et une Olivia De Havilland à pleurer en ravissante potiche au sourire Ultra Brite. Kevin c’était autre chose, il avait une gueule, il était mal habillé et la façon dont il tombait Lady Marian venait doucement titiller les hormones de mes 17 ans. Deux ans avant, j’avais bien gardé en mémoire sa jolie poitrine lors d’un mémorable massage cardiaque dans Abyss. Je sais c’est glauque mais à 17 ans, même lors d’un massage cardiaque, la poitrine de Mary Elizabeth Mastrantonio arrive à te stimuler le plus rétif des jeunes adultes duveteux.
Aujourd’hui, j’approche de la quarantaine et, même si je trouve encore deux trois qualités à cette version de Robin Hood, je dois avouer qu’il s’est bien cassé la gueule de son piédestal. Ce que je sauverais si le feu menaçait : Mary Elizabeth Mastrantonio déjà, ben ouai à quarante piges les hormones sont toujours aussi agressives, Alan Rickman ensuite, toujours aussi génial en infâme salopard bouffé jusqu’à la moelle par tous les vices possibles, une réplique de Morgan Freeman aussi : « La perfection n’est pas dans l’homme, elle est parfois dans ses intentions » et la chanson de Brian Adams enfin, parce-que c’est juste une bombe et qu’absolument tous autant que nous sommes (ne mentez pas !), nous avons slowé comme des morts de faim sur ce tube.
Voyons alors où le bât blesse, y en a tant qu’on en ferait une tour de bâts blessent. La mise en scène de Kevin Reynolds est atrocement plate, sans personnalité ni imagination. Seul morceau de bravoure cinématographique, cette caméra embarquée sur une flèche qu’on nous a passée des milliards de fois jusqu’à la nausée, tellement qu’elle a fini par perdre tout intérêt. Les dialogues ensuite, que je trouve souvent consternants quand je les entends de nouveau, c’est neuneu, gnangnan ou culcul, je vous laisse le choix. J’ai cru par moments qu’ils avaient été écrits par George Lucas himself. J’adore Star Wars je vous rassure, sauf les dialogues, à l’exception de ceux de Han Solo que Ford pourrait avoir écrits lui-même tant ils résonnent comme ceux d’Indi.
Mais le pompon pour moi, restera à jamais cette stupéfiante révélation finale de la brotheritude entre Robin et Will. Ce procédé m’avait déjà laissé un drôle de goût à l’époque, mais avec le recul et la maturité, ce twist final restera probablement comme le plus foireux et le plus con depuis que les frères Lumières ont filmé L’Arroseur Arrosé ! Et puis l'autre, à peine la révélation faite, vas-y que je te fais un gros calinou comme si je t'avais toujours connu, mon frère ! Rien, absolument rien ne permet de le sentir venir et ce n’est pas parce-que Reynolds, tu comprends, il est vachement trop intelligent ! Non, c’est juste parce-que ça n’a rien à foutre ici, c’est toute une perruque qui tombe dans la soupe cette histoire. Ne me dites pas non plus qu’on peut le sentir venir parce-que tu vois, c’est parce-que Will n’aime pas Robin qu’on peut deviner que c’est son frère ! Parce-que si ceux qui ne vous aiment pas sont vos frangins, je peux vous dire qu’en tant que délégué C.G.T. de ma boite, ma directrice générale est surement la meilleure frangine que je puisse rêver !
Bref, Kevin Reynolds avait toutes les bonnes intentions du monde mais pas le talent, Ridley Scott avait le talent mais aucune foutue intention, ce qui fait que je suis depuis retourné vers Disney et Errol Flynn, deux adaptations de l’histoire de ce qui reste comme un des premiers « super-héros », qui bénéficient d’un ingrédient, de l’ingrédient fondamental pour ce genre de personnage et d’histoire que Scott et Reynolds n’ont soit pas trouvé, soit pas exploité : le panache mes amis, le panache ! Qui, quand il est trouvé, te transforme une daube en chef-d’œuvre !