Spécialiste des films d'aventure à effets spéciaux (La guerre des mondes, Les pirates des mers du sud), Byron Haskin n'a pas obtenu un grand succès public avec cette adaptation extra-planétaire du célèbre roman de Daniel Defoë, tournée deux ans avant que la sonde Mariner 4 envoie les premières images de Mars. Un désintérêt qui s’explique sans doute par le fait que son film, malgré son côté bande dessinée, tient autant de la réflexion philosophique sur la fragilité de l’existence et la relativité du genre humain dans l’immensité cosmique que de l’aventure spatiale spectaculaire. Presque sans paroles, la première moitié du film, où l’on suit les efforts du malheureux naufragé pour trouver de l’eau ou fabriquer son oxygène, est très réussie, à la fois éloge de la débrouillardise et description angoissée d’une solitude absolue. Ensuite, comme dans le roman, Draper rencontre son Vendredi, un esclave qui semble tout droit sorti d’un péplum italien avec lequel il traverse les pires dangers pour échapper aux attaques de méchants Ovnis en carton-pâte qui font sourire plus qu’ils n’effraient.