RoboCop, c'est Paul Verhoeven, celui d'Hollywood, celui des blockbusters violents et ironiques, dénonçant le cynisme américain et mettant en scène, avec autant d'intelligence que de savoir-faire, la violence, le sexe ou la perversion.
Le terrain de la science-fiction est propice à ces thématiques, il permet d'accentuer le fossé entre les riches et pauvres, dénonçant encore plus l'ultracapitalisme américain et les excès que peuvent entrevoir le monde d'alors. L'un des symboles, ici, c'est une une puissante société industrielle et militaire qui va créer un flic mi-homme, mi machine pour éradiquer le crime, à des fins plus personnelles que cette ambition commerciale évidemment.
Robocop se révèle être une œuvre assez fascinante sur ce qu'elle dit, et surtout, la façon dont Verhoeven le dit, à travers du cinéma d'action futuriste et violent. Le Hollandais violent exporte sa vision pessimiste et violente de l'humain et du futur, où seul compte le profit. Si RoboCop, la machine, pourrait symboliser la déshumanisation, ce processus est pourtant visible dès le début, lorsque la mort accidentelle d'un cadre ne fait ni chaud ni froid à ses associés.
N'hésitant pas à apporter une petite réflexion sur l'humanité, l'ordre, la sécurité ou encore les paradoxes Américains (entre puritanisme et ultra-violence ou la politique de consommation à outrance), il bénéficie d'un scénario plutôt bien construit et jouant aussi sur le cynisme et le second degré. Son futur est esthétiquement effrayant, glacial, ancré dans les années 1980 aussi (ce qui n'est pas pour déplaire non plus !) et dominé par l'image d'une télévision trop présente et d'une violence banalisée que l'on retrouve partout (ainsi que sublimé par la partition de Basil Poledouris).
Son second long-métrage américain après le génial Flesh and Blood bénéficie d'une atmosphère prenante, dépressive à certains moments, jouissive à d'autre, grâce à une action particulièrement bien mise en scène. Les seconds rôles, sans être d'une grande richesse, sont tout de même bien mis en scène, apportant ce qu'il faut d'humanité (parfois) et de cruauté (souvent) à cet univers. Enfin, Peter Weller est parfait dans le rôle titre apportant ce qu'il faut d'humanité dans son armure d'acier, alors que Nancy Allen est parfaite à ses côtés et que les salauds ont vraiment des têtes de salauds.
RoboCop permet à Paul Verhoeven de définitivement poser son pied sur le sol américain après le remarquable Flesh and Blood, dénonçant les excès du capitalisme moderne et la violence omniprésente au point d'être banalisée, avec autant de cruauté que de cynisme et savoir-faire.