50% satire, 50% super-héro, 100% Verhoeven


Comment vous vous appelez jeune homme ?
Murphy !



Musique :


https://www.youtube.com/watch?v=n4PQRpo2Wng


J'ai une question existentielle. Peut-on faire un film de super-héro réfléchi et satirique ? La réponse est évidente, oui. Car d'une part ça a déjà été fait, et d'autres part c'est intéressant. Mais es-ce qu'on peut faire la même chose mais tout en étant vraiment critique avec la société américaine et vraiment au premier degré ? La réponse est évidente. Oui. Mieux que ça, cela a déjà été fait. Place au film culte Robocop de Paul Verhoeven !



Directive 1 : Non assimilé . Le grand défaut du film, le temps qui passe



Ce film a affreusement mal vieilli. Les effets spéciaux font vraiment sheap maintenant. C'est même là le gros problèmes des films avec effets spéciaux de Paul Verhoeven; ils ne résistent pas au temps (même Starship Trooper a le même problème). A part peut-être Hollowman, mais lui il n'est pas top c'est différent. Voilà. Les défauts du film c'est fait. Parce que sinon, ce film est une vraie tuerie. La réalisation, malgré les effets spéciaux vieillissants est très intelligente et bien pensée. Malgré l'effet résolument année 80, Paul Verhoeven tente beaucoup d'effets de mise en scène bien pensé (comme l'utilisation du P.O.V), un coté très dynamique et du clair obscure. Il donne aussi à son film des allures de fables et de propagandes satiriques sur l'Amériques en même temps qu'il utilise des codes propres aux films de super-héros (annonçant le Batman de Burton avant l'heure). Et surtout, il y va à fond ! C'est génial. Et par dessus tout, ce sont les personnages tous aussi emblématiques les uns que les autres et marquants qui font de ce film une oeuvre à part entière.



Directive 2 : Assimilé. Faire des punchlines



Dans le rôle de Robocop/Alex Murphy, nous avons Peter Weller. Bizarrement, l'acteur n'a pas eu une grande carrière (A la limite, on l'a vu récemment dans Star Trek Into Darkness et Son's of Anarchy mais bon). Il interprète bien les 2 personnages, d'abord de flic non préparé au terrain et du cyborg impassible avec des punchlines. Le personnage a une vrai évolution. D'abord déconstruit en tant que Cyborg, c'est une personne qui gagnera plus en humanité au fur et à mesure du récit et en quête de ses origines et de son identité, lui qui n'était qu'à la base un produit lancé par OCP pour faire respecter la loi et limité par ses 4 directives prioritaires.


L'officier Anne Lewis (Nancy Allen) est l'équipière d'Alex Murphy. Il s'agit d'une femme forte et son sidekick. Sur le papier. La réalité est un peu plus nuancée mais quand même cohérente dans la narration. Elle est le seul élément qui n'a pas oublié son coéquipier, là où la famille était (avec raison) plus résignée. Détail qui marque, c'est une relation bromances hétéro du cinéma qui fonctionne bien. Il y a une tension érotique mais assez soft, c'est à dire qui ne va pas plus loin que la bromance.


Le président de l'OCP (Dan O'Herlihy) est un personnage plutôt classe mais pas manichéen. Ce n'est pas "un gentil" dans le sens du terme, car il est le symbole du capitalisme dans ce qu'il y a de logique, mais ce n'est pas une personne détestable.


Tout l'inverse de Dick Jones (Ronny Cox) qui est aussi manipulateur que dans Stargate SG-1. L'homme qui veut profiter du système pour devenir Calife à la place du Calife et qui se sert du système et de ses relations pour diriger l'OCP et influencer la ville. C'est un peu manichéen mais bon.


Clarence Boddicker (Kurtwood Smith) est le méchant de l'histoire. Le bandit qui a fait de Robocop, Robocop. C'est un méchant classique et charismatique.


Le reste des personnages sont intéressants afin de donner un peu de contexte à l'histoire et des interactions au héro. Bob Morton (Miguel Ferrer) le scientifique et créateur du cyborg, Warren Reed (Robert DoQui) qui est le supérieur de Murphy et pas mal de personnages plus ou moins colorés, voir clichés.



Directive 3: Assimilé. Critique des Etats-Unis



Robocop est un film qui est particulièrement bien tombé. En effet, au niveau des comics, c'était le temps où certains icônes entraient dans un âge plutôt sombre. Il est venu après The Dark Knight Returns de Frank Miller, à la même période que Watchmen, a une époque où Iron Man avait des problèmes d'alcool et Wolverine commençait à avoir du succès en solo. Les icônes étaient déconstruits, allant dans un âge sombre (même Spider-Man était à peine épargné, car c'était l'époque de la mort du personnage de Jean De Wolfe, son équivalent de Gordon , et où le personnage de Venom allait arriver). C'était aussi l'époque des vigilente movies , des icônes héroïques télévisuel, comme Knight Rider (K 2000), Airwolf (Supercopter) etc... et des actionners eighties (Terminator, Rambo). Paul Verhoeven a fait un film suivant ses 2 logiques et qui critiquent assez sévèrement la société de consommation américaine. Mais il n'oublie pas non plus le premier niveau de lecture qui est la quête de l'humanité d'un homme qui n'avait rien demandé et qui se retrouve être à la fois un héro pour tout un peuple et un outil marketing. Et ce film nous donne un élément de réponse Le véritable héro n'est pas Robocop mais Alex Murphy.


C'est même en grande partie pour ça qu'au moment où il devient lui même, il ne cherche même plus à dissimuler son visage sous un masque et de n'agir plus qu'en tant que policier. Mais il n'est pas franchement hostile aux coopératives, montrant que malgré tout, ce ne sont que des hommes avec des qualités et des défauts et que son but est de faire ce qui est juste.


Bref, le film possède plusieurs niveaux de lectures et à permis de créer une icône incroyable et qui est encore aussi populaire aujourd'hui.



Directive 4: Assimilé. Excellent film de super-héro



Robocop est un film de super-héro intelligent, bien réalisé, fun et qui n'a que seul défaut de n'avoir pas su résister au temps qui passe. Dans cette logique, on peut se dire que le remake n'était pas dénué d'intérêt en le plaçant dans un contexte plus actuel. Ne l'ayant pas vu, je ne sais pas ce qu'il vaut (je parle du remake). En revanche j'ai vu les suites de Robocop qui ont perdu en qualité et en pertinence (le 2 était encore dans la même mouvance, le 3 était ennuyeux à mourir et le téléfilm de 2001 était incompréhensible), une série qui n'avait RIEN compris au premier film et 2 séries d'animation qu'on a oublié. Bref, finalement mieux vaut rester dans les 2 premiers films (surtout que c'est le réalisateur de l'Empire Contre Attaque pour le n°2...)


Version fun de la critique ici

Créée

le 9 juin 2016

Critique lue 578 fois

9 j'aime

Neo Cosmic

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