RoboCop 2
5.5
RoboCop 2

Film de Irvin Kershner (1990)

La politique républicaine vue par les nanardeurs...

Certes, Robocop 2 est moins bon que le premier. Comment pourrait-il en être autrement, ce dernier étant tout simplement un des plus grands films de SF jamais fait (Starship Troopers le dépasse quand même) ? Mais cette suite est, dans la logique de son prédécesseur, l’un des meilleurs projets qui pouvait voir le jour. En effet, Irvin Kershner a clairement trippé devant les fausses publicités de Verhoeven, et décide d’en reprendre les grandes idées, mais en bien pire. On a donc droit à une crème solaire cancérigène, un système d’alarme tueur, un service postal incompétent… Un véritable florilège qui ne reste qu’une partie du spectacle que propose Irvin. En effet, dans ce nouveau film, Robocop est un personnage mineur. Il n’est qu’un million au centre d’une énorme machine dont on va explorer consciencieusement le mécanisme. Si il présente des parcelles d’humanité en début de film (il contemple sa famille depuis sa voiture), elles sont bien vite évacuées, d’abord avec cruauté (la douloureuse question de « l’amour qu’une femme est en droit d’attendre d’un homme »), puis avec froideur. Par ce geste, Irvin ne sublime pas l’humanité de Robocop. Il l’efface purement et simplement du récit. La thématique détaillée par Verhoeven était diablement intéressante, mais elle nécessitait une réelle finesse, et le film rend carrément les armes sur ce terrain là. En effet, il se vautre dans le régressif le plus terre à terre, illustrant platement avec un manichéisme bestial les gentils flics (dont une bonne partie de flemmards font la grève) et les méchants trafiquants de Nuke, une drogue super addictive peu chère. Caen, leur leader, est épaulé par une femme fatale et un délinquant juvénile qui prend manifestement son pied à dire « fuck » et à tirer sur la flicaille. La violence gratuite y va fort (Caen abat une étrangère simplement pour libérer le siège de sa bagnole), et les approximations aussi. En effet, le personnage de flic corrompu de Duffie est totalement inutile, se révélant à lui tout seul être une sous intrigue fortement dispensable des deux heures du film. Mais à côté de ça, que d’ingrédients jubilatoires ! Tout est fait pour notre plus grand plaisir. Gore excessif en gros plan (la trépanation, l’éviscération), violence gratuite, morale neuneu et subversion nanarde sont au rendez vous, occasionnant de fréquents éclats de rire. Par exemple, le maire se retrouve tenu par les couilles par l’OCP qui veut privatiser la ville et réclame 57 millions de dollars de dettes, ce dernier organise un pathétique gala de charité pour tenter de récupérer le fric des habitants de Détroit, avant de se tourner vers la pègre pour solder leurs comptes. Pendant ce temps, Robocop règle ses comptes avec Caen, mais ce dernier reviendra sous la forme d’un robot bien plus perfectionné que lui : Robocop 2 (la raison du choix de Caen comme cerveau à utiliser est un des plus grands éclats de rire du scénario). Le final impressionnant pour ses effets spéciaux démesuré et sa pyrotechnie répétitive, conclut par un duel régressif façon transformers le spectacle stimulant de cette fresque de société pourrie de long en large, achevant son récit sur un dernier trait politiquement fort incorrect qui nous fera quitter Robocop dans un dernier éclat de rire, convaincu que le spectacle était largement à la hauteur de nos attentes. Un pied inoubliable.

Créée

le 5 févr. 2014

Critique lue 769 fois

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Voracinéphile

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