« Alamo ! »
Robot Wars ne vaut que pour l’animation élégante de ses « méga-robots » supervisée par David Allen, donnant lieu à quelques secondes d’intérêt égrainées parmi de longues minutes de médiocrité. Le...
le 28 mai 2024
Dans l’univers de Charles Band, rien ne se perd tout se recycle. Après avoir essuyé le revers critique et financier de Robot Jox et digérer la faillite, le producteur remet le couvert avec sa nouvelle société la Full Moon Features. Le producteur aura cru bon de capitaliser en produisant une fausse suite intitulé Crash and Burn (Synthoïd 2030 dans nos contrées) qui n’avait rien en commun avec son prédécesseur si ce n’est un univers familier et un mécha un peu grippé. Les robots de David Allen seront donc encore une fois exhumé de terre, au sens propre comme au figuré et la mission sera cette fois ci confié à son paternel Albert Band à qui l’on doit notamment Ghoulies 2, Prehysteria ou bien Doctor Mordrid. Le scénario déploie robot géants, tourisme post-apocalyptique ainsi qu’un contexte de guerre froide entre deux blocs que tout oppose mais qui tentent néanmoins de nouer des relations commerciales en dépit d’une confiance assez relative un peu comme les occidentaux qui n'hésitent pas dérouler le tapis rouge aux chinois qui rachètent l’ensemble de notre patrimoine culturel. Ce background servira donc surtout de cache misère et de prétexte à l’élaboration d’un récit de science-fiction qui ne sortira jamais des sentiers balisés puisqu’il s’agira avant tout de proposer un divertissement qui puisse aussi bien plaire aux enfants qu’à leurs parents.
En 2041, des touristes fortunés affluent en masse pour découvrir une ville épargnée par la dernière guerre nucléaire ayant réduit l’Amérique à néant, ou plutôt en un vaste désert jonché de ruines et de cratères encore fumants. Les Etats-Unis et les droits de l’homme ne sont qu’un lointain passé, et les robots qui s’affrontaient jadis sur les champs de batailles servent désormais de véhicule de croisière, afin d’acheminer la clientèle à bon port. Le temps n’est pas à la paix pour autant, et les pilotes doivent ponctuellement faire face à la répression des Centros qui les attaquent à coup de char et de fusil laser et qui aimeraient bien mettre la main sur leur armement puisque cela revient finalement pour eux à tirer au lance-pierre. L’Alliance du Nord souffre néanmoins de la récession économique malgré le tourisme de masse ; ou est-ce de la cupidité ? ; et tente d’exporter son modèle de robot scorpion à des hauts dignitaires asiatiques visiblement plus intéressé par le potentiel guerrier de la machine que pour ses attributions logistiques. On doute évidemment du bien fondé de leurs intentions. Et si ce n’est Lee c’est donc son frère qui fomentera un coup d’état pour mettre la main sur l’engin et le retourner contre les américains ce qui obligera le capitaine Drake à déployer ses muscles, avaler un shot de tequila et à déterrer un ancien modèle pour s’opposer à la destruction de ce no man’s land désertique qu’ils osent appeler « monde libre ».
Charles Band aura donc bien compris la leçon et évite désormais de mettre tous ses œufs dans le même panier. Si Robot Jox s’était peut-être vu un peu trop gros, son huit-clos Crash and Burn souffrait quant à lui d’un réel manque d’ambition. Le producteur a donc cherché le juste milieu avec ce Robot Wars qui souffre évidemment de la comparaison avec l’œuvre de Stuart Gordon mais qui dispose tout de même d’assez de charme pour se doter d’un fort capital sympathie. On y retrouve Barbara Crampton fidèle égérie du studio dans le rôle d’une archéologue forte de ses convictions, vouée à tomber dans les bras d’un héros au charme de phacochère qui se la joue cow-boy, artificier et maître de combat dans des démonstrations de virilité et de pilotage à la hauteur de son égo. Il est également accompagné d’un sidekick comique mécano qui passe son temps à lui courber l’échine. Ensemble, on les verra tuer des talibans dans le désert en imitant John Wayne dans The Alamo histoire de passer le temps entre deux bières. Ne manque plus que les camps de Guantanamo remplis de Centros torturés et encagoulés pour parfaire ce chef d’œuvre « d’anticipation ».
C’est aussi dans le caractère de ses protagonistes et la description de cet univers dystopique que l’on s’aperçoit que le film a bien une bonne dizaine d’années de retard à sa sortie en 1993, et alors que les spectateurs ne jurent plus que par les dinosaures en image de synthèse de tonton Spielberg, Robot Wars ne pouvait décemment rivaliser sur ce tableau-là. Mais le charme que lui confère ses effets en stop motion auront peut-être le mérite comme avec moi de vous faire retomber dans l’enfance, d'autant que le père Band sait redoubler d’ingéniosité dès qu’il s’agit de palier aux contraintes budgétaires de l’entreprise. Le bougre parvient ainsi à toucher l’imaginaire du spectateur grâce à une débauche d'effets artisanales comme ces secousses opérés dans le cockpit ou le compartiment passager digne de l’attraction Star Tours à Disneyland Paris, et censé restituer les turbulences d'un combat intense. La sincérité est assez désarmante, si bien que la magie finira par opérer dans une naïveté assez confondante. SOUVENEZ-VOUS DE FORT ALAMO !
Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !
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Créée
le 26 juil. 2024
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