Robuste s’intéresse au corps différent, à celui que l’on affirme par la pratique d’un art (sportif, cinématographique), que l’on impose aux autres ou que l’on préfère cacher par pudeur parce qu’il ne correspond pas aux canons du temps. Il s’agit, dit autrement, d’une variation autour du monstre entendu dans son sens étymologique – ce que l’on montre du doigt comme différent – que la réalisatrice Constance Meyer aborde de façon complémentaire, telles les deux faces d’une même médaille : le monstre perçu comme victime, tributaire d’une enveloppe charnelle lourde à porter, le monstre sacré qui se heurte à son entourage, tient tête par son outrecuidance et, surtout, par son caractère insaisissable. Les deux personnages trouvent leur métaphore dans ces poissons des profondeurs que Georges a dans son aquarium et avec lesquels il essaie, en vain, de communiquer en frappant sur la vitre : ils vivent enfermés dans leur microcosme – le petit appartement pour l’une, la villa luxueuse pour l’autre –, coupés du reste d’un monde qui à son tour heurte une paroi invisible dans l’espoir d’être entendu. Une scène durant laquelle Aïssa défonce la porte de son protégé pour s’assurer de sa santé symbolise bien cette entrée dans l’intime, cette percée dans l’intériorité d’une solitude où une autre se réfléchit. Sur le papier, voilà un film intelligent. Pour ce qui est de son passage à l’écran, il demeure scolaire et sépare plus qu’il ne rassemble les deux protagonistes : l’épure le contraint à manquer les enjeux sensibles de son récit, à réduire ses comédiens à des fonctions auxquelles manque l’incarnation. Dommage.

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le 7 nov. 2024

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