Rocco
6.2
Rocco

Documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai (2016)

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Qu’il est dur d’être riche est célèbre.

Les reportages c’est souvent bien, par exemple la semaine dernière j’ai vu The act of killing et il m’a collé à la peau trois jours, puis j’ai vu Rocco et j’ai baillé pendant une heure. C’est pas qu’il est inintéressant, Siffredi est une icône au nom aussi connu qu’un Mickey Mouse ou un Bill Gate et c’est vrai que jusque-là ça ne m’était pas venu à l’esprit d’aller creuser au-delà du symbole. A tort, avec une addiction au sexe qui le tourmente, son parcours du fin fond de la pauvreté italienne à Hollywood force le respect de même que l’équilibre familial étonnamment stable qu’il a trouvé (une femme, vingt ans de mariage ininterrompu et deux fils) en passant par un certain sens des affaires pour se maintenir à flot trente ans dans un business qui consume ses acteurs en 4 à 6 mois avec au sommet de l’échelle de valeurs perso l’image de la Mama comme pour tout italien qui se respecte, la personnalité derrière l’organe mérite qu’on s’y attarde.


Et pourtant… La complaisance pour l’égotrip du Rocco passe de l’émotion pour ses contradictions, dans ses rapports d’une violence rare avec sa mère de même que sa soumission à la chair qu’il vit comme une malédiction, à des scènes que l’on a bien du mal à croire captées sur le vif tellement elles semblent sorties d’une séquence psychanalyse de comptoir de n’importe quelle télé réalité avec des musclés et du silicone autour d’une piscine.


Un autre point plantant une galerie de personnages loin d’être inintéressante – tout particulièrement l’agent « artistique » tellement cliché qu’il incarne le cas de la réalité qui dépasse la fiction – est l’extrême pudeur de la réalisation. Attention ! Si dresser un portrait en creux de l’acte tend vers la bonne idée, conclure sur cinq minutes d’orgie soft est parfaitement inintéressant, voire gênant si on en vient à penser que les réalisateurs voulaient en faire le moment de gloire du film… Enfin s’accaparer l’étalonnage du Shame de Steve McQueen (chef-d’œuvre sur le thème de l’addiction sexuelle, on conseille très fort sauf pour les soirées DVD en famille, Rocco a dit en interview que ça pourrait être sa biographie aussi), en donnant des tons froids (bleu, gris) aux images apporte un recul intéressant face aux codes de la pornographie aux couleurs flashy et saturée mais quand on tend au gimmick au point d’avoir l’impression de passer 1h40 avec une paire de lunettes teintées dans un ciné, on se sent un peu crétin.


Rocco est un de ces nombreux reportages avec un excellent potentiel pour un format d’une heure qui se gonfle artificiellement par greffe de sous intrigues scénarisées et de moments plus contemplatifs apportant un sentiment de lourdeur à un projet qui ne manquait pourtant pas de punch à la base. Pour quelques images rares de l’après tournage façon vestiaire après match et une vision très machine à viande de ce cinéma alternatif, Rocco vaut le coup d’être découvert mais ce n’est clairement pas un projet intéressant sur le X, ni même un projet notable.

Cinématogrill
5
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le 8 déc. 2016

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6 j'aime

Cinématogrill

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