Porco Rocco
« Rocco » est de ces films curieux, qui fascinent malgré leurs imperfections, parce qu’ils sont parvenus à capturer l’essence de quelque chose d’important, et de vrai. Vendu comme le portrait...
Par
le 7 déc. 2016
24 j'aime
1
Voir le film
Les reportages c’est souvent bien, par exemple la semaine dernière j’ai vu The act of killing et il m’a collé à la peau trois jours, puis j’ai vu Rocco et j’ai baillé pendant une heure. C’est pas qu’il est inintéressant, Siffredi est une icône au nom aussi connu qu’un Mickey Mouse ou un Bill Gate et c’est vrai que jusque-là ça ne m’était pas venu à l’esprit d’aller creuser au-delà du symbole. A tort, avec une addiction au sexe qui le tourmente, son parcours du fin fond de la pauvreté italienne à Hollywood force le respect de même que l’équilibre familial étonnamment stable qu’il a trouvé (une femme, vingt ans de mariage ininterrompu et deux fils) en passant par un certain sens des affaires pour se maintenir à flot trente ans dans un business qui consume ses acteurs en 4 à 6 mois avec au sommet de l’échelle de valeurs perso l’image de la Mama comme pour tout italien qui se respecte, la personnalité derrière l’organe mérite qu’on s’y attarde.
Et pourtant… La complaisance pour l’égotrip du Rocco passe de l’émotion pour ses contradictions, dans ses rapports d’une violence rare avec sa mère de même que sa soumission à la chair qu’il vit comme une malédiction, à des scènes que l’on a bien du mal à croire captées sur le vif tellement elles semblent sorties d’une séquence psychanalyse de comptoir de n’importe quelle télé réalité avec des musclés et du silicone autour d’une piscine.
Un autre point plantant une galerie de personnages loin d’être inintéressante – tout particulièrement l’agent « artistique » tellement cliché qu’il incarne le cas de la réalité qui dépasse la fiction – est l’extrême pudeur de la réalisation. Attention ! Si dresser un portrait en creux de l’acte tend vers la bonne idée, conclure sur cinq minutes d’orgie soft est parfaitement inintéressant, voire gênant si on en vient à penser que les réalisateurs voulaient en faire le moment de gloire du film… Enfin s’accaparer l’étalonnage du Shame de Steve McQueen (chef-d’œuvre sur le thème de l’addiction sexuelle, on conseille très fort sauf pour les soirées DVD en famille, Rocco a dit en interview que ça pourrait être sa biographie aussi), en donnant des tons froids (bleu, gris) aux images apporte un recul intéressant face aux codes de la pornographie aux couleurs flashy et saturée mais quand on tend au gimmick au point d’avoir l’impression de passer 1h40 avec une paire de lunettes teintées dans un ciné, on se sent un peu crétin.
Rocco est un de ces nombreux reportages avec un excellent potentiel pour un format d’une heure qui se gonfle artificiellement par greffe de sous intrigues scénarisées et de moments plus contemplatifs apportant un sentiment de lourdeur à un projet qui ne manquait pourtant pas de punch à la base. Pour quelques images rares de l’après tournage façon vestiaire après match et une vision très machine à viande de ce cinéma alternatif, Rocco vaut le coup d’être découvert mais ce n’est clairement pas un projet intéressant sur le X, ni même un projet notable.
Créée
le 8 déc. 2016
Critique lue 1.1K fois
6 j'aime
D'autres avis sur Rocco
« Rocco » est de ces films curieux, qui fascinent malgré leurs imperfections, parce qu’ils sont parvenus à capturer l’essence de quelque chose d’important, et de vrai. Vendu comme le portrait...
Par
le 7 déc. 2016
24 j'aime
1
Du comique au tragique, du vulgaire au sublimé, de la réprobation à la compréhension, c’est une impressionnante palette que déploie Rocco avec une maestria inattendue. Derrière l’attraction tapageuse...
Par
le 8 déc. 2016
13 j'aime
3
Une douche. L'eau qui coule. Un beau corps dénudé, sexy. Passage au crible de la caméra. De haut en bas. Et puis, dans la pénombre, en gros plan, un sexe. LE sexe qui a mis en émoi l'industrie du...
Par
le 14 déc. 2016
10 j'aime
1
Du même critique
8,3/10 sur l’imdb, 86% sur métacritique, 94% sur rotten tomatoes, 5 nominations pour un oscar et 7,7/10 sur sens critique à l’heure où j’écris cet article : Room à première vue apparaît comme un...
le 11 mars 2016
57 j'aime
Sean Baker est à la limite de l’artiste contemporain et du cinéaste. Ultra engagé, il s’est fait connaitre après le micro exploit de réaliser en 2015 Tangerine, entièrement tourné avec trois...
le 19 déc. 2017
40 j'aime
5
J’ai sérieusement conscience d’aller à contre-courant de la perception que semble avoir le monde entier de ce film plébiscité (à part une partie de la presse française spécialisée) mais...
le 13 sept. 2018
28 j'aime
5