« It wasn’t me » ?
Stuart Gillard n’est pas une référence rassurante, surtout après avoir trébuché sur un voyage temporel dans « Les Tortues Ninja 3 ». Mais il se découvre sans doute plus d’affinités dans les aventures...
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le 19 avr. 2020
Stuart Gillard n’est pas une référence rassurante, surtout après avoir trébuché sur un voyage temporel dans « Les Tortues Ninja 3 ». Mais il se découvre sans doute plus d’affinités dans les aventures familiales qu’autre chose et il saisit ses opportunités, même s’ils ne sont pas concluants. C’est le cas avec cette virée spatiale, qui détourne un marathon vers une planète Mars, colonisé par des scénaristes qui en oublie le fondamental, à savoir l’exclusivité d’un tel projet. Au lieu de cela, le film est standardisé comme la plupart des œuvres Disney qui surfent sur la tendance de la surconsommation. Une aubaine qui a de quoi en irriter plus d’un, mais pour un enfant qui assiste à un tel spectacle, il y aura peu de chose à retenir.
On l’aura compris, si la subtilité n’est pas l’atout premier de l’intrigue, il reste l’humour comme roue de secours. Fred Randall serait donc la solution. Informaticien, geek, ambitieux et fasciné par les étoiles, il avance avec une maladresse interstellaire, qui rappelle bien des comédies à la fois furieuses et inoffensives. Non loin de l’idée de le transformer en une bête de scène comme Jim Carrey en a le secret, Harland Williams insuffle malgré tout une énergie non négligeable. Mais l’exercice possède quelques limites vis-à-vis de son partenaire avec qui il a pu échanger dans « Dumb & Dumbler ». Sous la combinaison, nous pouvons y trouver le miroir de sa carrière, car il se condamne lui-même à ce genre de prestation, ce qui ne déplaît pas pour autant. Le farfelu régit toutes les lois que le film suppose et impose. Mais le prestige de l’exploration en prend un coup et dans ce cas, cela peut déplaire.
Fred cherche donc sa place dans un milieu très professionnel, ce qui crée inévitablement le décalage nécessaire pour les situations comiques. Et quand bien même la checklist est grossièrement respectée, il manque quelques transitions pour consolider une structure qui ne repose que sur des enchaînements de blagues à gogo. Il s’apparente au quatrième passager d’une mission qui dégénère, mais c’est avant tout pour le plaisir de voir ce comédien pousser son jeu jusqu’à ce que l’absurde épouse sa liberté d’expression, jusqu’à détourner plusieurs icônes et fresques qui le connectent à la Terre. Et le problème majeur est sans doute ici, dès lors qu’on ne prend pas assez au sérieux le sujet de cette exploration. La comédie ne baisse pas les bras pour autant, car possède ses valeurs, bon enfant certes, mais elle assume ses choix. Les interactions entre Fred et son équipage, Julie Ford (Jessica Lundy) et Overbeck (William Sadler), sans oublier un chimpanzé, rappelle cette famille dysfonctionnelle à cause d’un personnage aussi odieux que maladroit. Mais le second caractère efface le premier si l’on considère l’incompatibilité de ses ambitions, dans un système trop rigide et en manque de satisfactions.
En somme, « RocketMan » de Gillard nous dévoile une bien piètre image de la NASA, accompagné de stéréotypes qu’on pardonne en échange d’un sourire maladroit également. Si le sujet ou le support n’est pas scientifique, il n’y a plus qu’à remonter jusqu’à l’origine d’une sucrerie, tout ce qu’il y a de plus le commercial, mais généreuse. Fred en est l’exemple et il s’y emploie avec une passion qui souffre d’une mise en scène trop terre-à-terre, c’est ce qui le handicape dans son envol. La loufoquerie et les divers gags gravitent donc autour de ce « héros malgré lui », un concept inépuisable pour un grand public irraisonnable. Et il faut parfois régresser pour identifier ce recul, propre à chacun.
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le 19 avr. 2020
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