Toujours debout
Il est toujours debout. A 72 ans, et même s’il a annoncé une dernière tournée (avec plusieurs dates françaises en juin et un retour à Paris en octobre prochain), Elton John est toujours en pleine...
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le 23 mai 2019
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Le film est raconté à travers une séance à un groupe de soutien où Elton va raconter sa vie et les évènements qui l’ont amené à ses addiction à la drogue, à l’alcool et au sexe.
Pour espérer aller mieux, Elton doit s’ouvrir et surtout nous raconter son histoire.
Rien que dans sa structure initial le film est intelligent, on se place du point de vu de Elton qui doit nous raconter les différent moment de sa vie, le film a une vraie utilité thérapeutique pour le personnage. C’est pour cela que le film adopte une structure circulaire : On commence avec Elton John adulte lors de sa thérapie, on croise son « lui » enfant qui va nous amener dans les différentes étapes de sa vie et nous raconter comment il est arrivé jusqu’à cette fameuse thérapie.
Pour cela, le film va utiliser des plans qui immergent tout de suite le spectateur dans l’aspect histoire. En effet, dans la scène d’introduction le petit Reginald apparaît et ouvre une porte qui s’ouvre sur le quartier où il a grandi comme un enfant qui ouvrirait son histoire du soir.
Dès le début de l’histoire on sait que Reginald n’est pas un garçon comme les autres. En effet on nous introduit à son quartier, ses habitants et son environnement qui sont représentés dans des teintes très désaturés (du bleu du gris, du blanc), il est la seule tâche de couleur dans le plan. Avec ce plan on comprend donc que Reggie est un garçon qui ne passe pas inaperçu, c’est un enfant très vivant dans un environnement très terne qui ne lui offre aucun avenir. Un environnement qui ne le comprend pas et qui ne saura jamais l’accepter bien dépeint par ce contraste entre un Reginald solaire et un environnement pale et terne
On nous introduit ensuite à la famille de Reggie et on comprend alors que c’est un enfant en manque d’amour ( qui sera renforcé par la chanson I want love). Il trouvera le réconfort dans la musique quand il s’imagine en train de diriger un orchestre où tous le regarde avec admiration, à travers la musique il recherche cette reconnaissance, cet amour qu’il n’a jamais eu.
Le film travaille d’ailleurs tout du long une lumière assez naturelle mais du coup très terne, les scènes de chant/ de comédie musicales seront-elles tournées avec une lumière beaucoup plus chaleureuse mais quand la musique s’arrête il faut revenir à la réalité et la lumière redevient terne. Ce code de mise en scène disparaîtra au fur et à mesure du film car la musique n’est plus un rêve fantasmé mais la musique devient sa vie, son quotidien.
Les années passent, Reggie entre au conservatoire, grandit écrit ses premières chansons, rencontre son parolier enchaîne les conquêtes et cherche un producteur qui lui donnera sa chance.
Un soir Reggie va dans un bar avec sa famille et va avoir l’opportunité de chanter dans ce bar. Il comprend alors qu’il est fait pour ça. La scène va se poursuivre par un long plan séquence de comédie musicale qui marque les premiers pas de notre showman. Il finit par décrocher une salle dans un bar et fait découvrir sa musique aux spectateurs. Crocodile Rock est la chanson qui va présenter le personnage d’Elton au public et lui permettre de nouer sa relation avec ce dernier. Cette chanson met en avant la personnalité excentrique d’Elton. C’est une chanson qui démarre doucement puis qui part en une chanson entraînante et joyeuse. Ici on a une métaphore du petit Reginald timide qui prend son envol et devient le musicien fou qu’il a toujours refoulé. Sa musique Transporte au point où les spectateurs et Elton se mettent à voler ils sont sur un nuage, le rêve d’Elton se réalise et il en prend conscience.
Cependant malgré son succès grandissant, son père ne lui accorde toujours aucun crédit, il est toujours un moins que rien pour lui. La scène des retrouvailles avec ce dernier est déchirante, il l’a remplacé, a 2 fils à qui il donne beaucoup d’amour, il ne veut même pas une dédicace. Là où un réalisateur classique aurait joué sur la musique ou la lumière pour accentuer le côté tragique, ici Dexter Fletcher ne fait rien car il se place du point de vue de son personnage, comme lui il ne veut pas montrer ses émotions, il ne veut pas montrer à quel point il est touché même lorsque que son père prend son demi-frère dans les bras, chose dont il a toujours rêvé. Le retour de la lumière naturelle assez terne pour cette scène est la seule indication qui montre que Reggie est vraiment heurté par l’attitude de son père.
Elton va ensuite mener une vie d’artiste enchaînant les concerts, les coups d’un soir et commençant à tomber dans les travers de l’alcool.
On ressent les tourments du personnage lors d’une magnifique scène où ce dernier va jouer du piano sur une plateforme qui tourne. La caméra va tourner également autour de cette plateforme, quand Elton passe derrière le piano, ils vont en profiter pour le faire réapparaître avec un autre costume, une astuce très maligne pour nous montrer le temps qui passe (les concerts s’enchainent et se ressemblent). Cette scène va aussi permettre d’introduire les premiers troubles du personnage car avec cet effet de caméra qui tourne de plus en plus verticalement vient s’additionner au fait que le public devient de plus en plus flou on ressent que le personnage n’a plus les idées claires, que sa tête tourne constamment, que quelque chose ne va pas. De plus en plus dans la tourmente + impression que rien ne peut arrêter ce cercle infernal
Commence alors une descente aux enfers puisque la scène suivante s’ouvre sur une boîte de nuit aux couleurs rouges, la couleur des enfers symbole aussi de la passion, une passion, ici, qui le ronge. Cette boite de nuit montre tous les excès possibles auxquels Elton peut succomber (sexe, alcool, drogue…) À ça se rajoute la chanson Bennie and the Jets qui verbalise cette descente aux enfers et cette déchéance. Cette boîte de nuit est la seule solution trouvée par Elton pour continuer la musique car c’est pour lui le seul moyen de s’accrocher alors que tous les gens le quittent. La pièce est bondée et la foule de gens qui l’entoure rend encore plus flagrant le coté oppressant/inévitable de ces excès. Elton ne résiste pas à ces derniers il se laissent aller comme on le voit lorsque la musique s’atténue de plus en plus , il se laisse porter par la foule qui est agglutinée autour de lui jusqu’à ce que la musique se coupe et qu’Elton se rejoue des passages de sa vie dans sa tête (bon comme mauvais) qui lui permettent de s’extirper de la foule, on le voit alors haletant et faible . Les conséquences de ses excès se ressentent déjà: solitude, tourmente, tremblements, fatigue. La chanson ici ,Bennie and the Jets, est particulièrement bien choisie car c’est une chanson un peu «bizarre » car très hypnotique et courte, finalement une métaphore de la satisfaction que Elton tire de ses excès : une dose de bonheur éphémère
Il va ensuite tourner le dos à tous ses proches : son producteur, son parolier, sa mère. Il touche réellement le fond métaphorisé par la scène de la piscine durant laquelle il se noit, avant la prise de conscience mise en scène sur le fond de la chanson Rocket Man. Malgré ça, il se marie nous montrant qu’il touche quand même au bonheur mais c’était sans compter le fait que le plan cut sur une scène de routine nous montrant que ce n’est pas un mariage d’amour mais de raison.
A ce moment-là il décide de tout plaquer et de suivre une thérapie et la boucle est bouclé. Il a enfin fait la paix avec lui-même. D’ailleurs on remarquera que à ce stade du récit il a retiré ses cornes de diable montrant qu’il a fait la paix avec lui-même. Mais cette fois ci il a peur de lui-même de ne plus être à la hauteur, il lui faut une bonne raison de revenir sur le devant de la scène. Ce qui va lui donner la force c’est la chanson I’m Still Standing.
Cette fois ci il ouvre la porte de son destin qu’il va écrire.
Pour Conclure, Rocketman est un film extrêmement intelligent dans sa réalisation tant au niveau de la narration que la réalisation notamment en mettant les chansons au service de l’histoire et non l’histoire au service des chansons.
En effet Dexter Fletcher a choisi de ne pas respecter la chronologie de la composition des chansons pour que ces dernières apparaissent au moment le plus opportun de l’histoire pour que ces dernières servent le propos de l’histoire et non que l’histoire servent les chansons. Malheureusement Elton John n’a jamais composé I’m Still Standing en thérapie, sa thérapie n’apparaît que beaucoup plus tard dans vie. Mais finalement peu importe, le film n’a pas pour vocation de représenter parfaitement la réalité mais veut nous faire découvrir la vie d’un homme torturé par sa famille et ses excès.
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Créée
le 17 janv. 2022
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