Résumé
Avec un certain sens de la sobriété, Sarah Gavron livre un film touchant mais sans excès de pathos, pertinent mais sans aller toujours très loin dans son propos.
Détails (et quelques spoilers)
La manière de filmer la vie de Rocks, jeune fille abandonnée par sa mère se retrouvant seule avec son jeune frère, n'est jamais grandiloquente. Les plans sont souvent serrées, et font ressentir la promiscuité permanente entourant l'existence d'une Rocks devant gérer un foyer et ses études avec bien peu de ressources.
Sans grande démonstration visuelle, le métrage parvient à saisir la résistance de la jeune fille, dont le surnom appuie ce constat, mais également toute la fébrilité que cette première impression dissimule. D'autant plus lorsque les problèmes s'accumulent et que même ses derniers piliers, incarnés par ses amies, s'effritent.
En explorant le sujet des enfants abandonnés, Sarah Gravon aborde plus qu'un drame personnel, mais bien les conséquences des conditions de vie précaires d'une famille racisée d'une métropole d'Europe de l'Ouest. Ce qui donne à voir une réalité encore peu documentée et qui permet une identification forte, d'autant plus pour des jeunes filles aux mêmes profils sociologiques. Ce qui est assez rare au cinéma.
Enfin, la manière de traiter le changement brutal de cadre de vie pour le jeune Emmanuel sera là aussi empreinte de sobriété, laissant une fin ouverte mais non sans intérêt, venant confirmer ce sentiment d'un film qui dépeint une réalité peu médiatisée, mais dont la sobriété de ton peut être critiquable dans la mesure où elle ne permet peut être pas toujours d'aborder en profondeur les sujets évoqués. S'accordant ainsi avec une réalisation dont la sobriété est trop souvent synonyme de prudence. Ce qui est sans doute la volonté de cette manière de filmer très naturaliste mais dont Ken Loach parvient mieux à tirer la quintessence.
7.25/10