6 round et toujours pas KO.
6 films pour retracer la carrière et la vie d'un homme, ça peut faire beaucoup. Là où certains ne voient que la carrière étirée d'un Boxeur légendaire on assiste tout autan, depuis 30 ans (Le premier Rocky date de 1976) à la vie de Sylvester Stallone (Scénariste de tous les Rocky), Rocky est Sylvester Stallone.
La créature et son créateur son donc intimement liés. Dans le creux d'une vague durant une dizaine d'année il maintenant parait légitime que Stallone ait envie de faire le point avec Rocky, comme il l'a souvent fait (Mettre en parallèle les scénario des différents Rocky et la carrière de Stallone a ces moments là révèle une oeuvre proprement psychanalytique).
Ainsi on retrouve Rocky en restaurateur discret, il n'est plus vraiment lui même, sa femme est partit et sa gloire est derrière lui. Il croise quelques fans qui aiment à entendre ses vieilles histoires qu'il donne volontiers et il croise d'autres le rabaissant plus bas que terre...
Rocky reste accroché a ce qu'il était et il en souffre. Mais le destin d'un jeune loup perdu dans une boxe déshumanisée vont offrir à Rocky une alternative.
D'emblée la première chose qui saute aux yeux c'est la nostalgie qui marque au fer rouge le film depuis l'affiche volontairement évocatrice jusqu'au parcours émouvant de Rocky, reconstituant sa rencontre avec Adrian, à travers un Philadelphie totalement métamorphosé. Ce Rocky Balboa est lié directement a Rocky 1 (on remarquera que l'ajout du nom de famille permet de boucler la boucler dans cet idée), Stallone a bien compris que ceux qui iront voir ce film iront pour voir la légende et c'est justement ce qui intéresse notre homme, ici également metteur en scène.
Car ce film est aussi l'histoire de Sylvester Stallone qui tente de revenir sur ce qui avait fait de lui une star internationale et de renouer avec une audience perdu au fil de choix de carrière douteux.
Plus par volonté de boucler la boucle que de refaire de l'argent (voir l'allusion sur la bête en soit et "les trucs à la cave" ) Stallone entreprend une manoeuvre de "remise en contact" avec ses fans on perçoit aussi la volonté d'en finir avec cette légende.
Poids d'une légende traitée à la fois comme une bénédiction et comme une malédiction. Ce n'est plus tant la boxe et le combat qui est au centre du film qu'une introspection et une remise en question.
La résultante de ce partit-pris est que le film est largement dominé par des séquences dialogués citant généreusement (par les lieux, les inserts, les personnages ou les dialogues) la saga Rocky dans son ensemble. Malheureusement ça se révèle un peu bancale car l'excès de mièvrerie (les bons sentiments pleuvent) et surtout une mise en scène plate se contentant de champs/contre champs sur des personnages figés à l'écran.
Stallone, le réalisateur, peine à mettre en valeur tout ceci et plombera quelque peu le spectateur le moins accroché au boxeur italo-philadelphien.
Néanmoins tout ceci est traversé d'une réelle sincérité, une mise a nue un peu gauche mais parfois tellement touchante qu'on ne peut rester insensible. Rocky reste donc désespérément attachant et même lorsque cette histoire de combat virtuel quelque peu débile (voir même franchement craignos il faut le dire) arrive on s'en fout car on a envie de voir Rocky Balboa tel qu'on l'a toujours vu: sur un ring.
Corolaire de cette nostalgie bavarde le film tarde énormément à nous offrir cette montée sur le ring et le challenger est traité vraiment trop succinctement. Il n'offre que peu de relief, ressemblant à un cliché MTV du rappeur, pantalon baggy et poufiasses en short inclus. Remarquons que cet aspect peut être voulu (opposition entre le passé glorieux et le présent pourri) mais le traitement est tellement anecdotique que ça passe d'avantage pour une faiblesse que pour un choix.
Mais quand arrive le fameux "training edit" (le montage de l'entrainement) sur la musique mythique de Bill Conti c'est une délivrance et on marche à fond dedans, on a envie de l'aider à porter ces poids qui paraissent effroyablement lourd pour un homme de 60 ans (et oui 60 ans le père Stallone)...
Et là on sait que malgré toutes les faiblesses de son récit et de sa mise en scène Stallone à réussi son film. Le dialogue instauré entre lui et son public fonctionne, on reprend espoir en lui et, à l'image des gens du film, on tombe tout acquis à sa cause... Lorsqu'il rentre dans le gymnase on ne fait plus qu'un avec cette foule en délire, notre champion est de retour quoi qu'il arrive.
Dommage que le combat fasse preuve d'une utilisation de la HD pour le moins désagréable sur le début, le parti-pris télévisuel diminuant quelque peu l'impact.
Sur ce film Stallone est un réalisateur malhabile, un scénariste moyennement inspiré, un acteur convaincant mais il est, surtout, une véritable légende vivante, on ne doute pas un instant que ce Rocky là est le même qu'il y a 30 ans. Stallone n'a pas brisé le lien qui l'unissait à son avatar boxeur et donc celui qui nous unissait à Rocky est également intact.
Maladroit, platement mise en scène, bancale.... oui mais surtout foutrement sincère et plein d'humanité, le film offre au public un véritable héros au sens le plus noble du terme et en cela Rocky Balboa est une réussite qui fait plaisir à voir, la machine à rêve fonctionne et tous les espoirs sont permis.
Rocky on t'aime.