L’Inde est un pays éclaté avec ses diversités régionales, culturelles, linguistiques, religieuses et ses castes sociales. Un pays dans lequel coexistent divers mondes souvent dans la tension, voire la violence. Roja, premier volet de la trilogie dite « du terrorisme » de Mani Ratnam, fait rencontrer ici quelques-uns de ces divers mondes, à travers ses personnages :
- d’abord la jeune Roja : elle vient du milieu rural du sud de l'Inde dans le Tamil Nadu, avec ses coutumes archaïques, ses croyances et son manque d’éducation scolaire. C’est une jeune fille heureuse de vivre au milieu d’une famille unie.
- puis Rishi, un homme qui appartient à l’élite indienne, un citadin cultivé qui épouse Roja.
- et enfin les « terroristes » du nord de l'Inde, dans le Cachemire, qui se battent pour leur indépendance et qui sèment la terreur autour d’eux pour se faire entendre. Eux ne connaissent que la violence, c’est leur quotidien.
Trois mondes aux antipodes les uns des autres. Dès l’ouverture du film, le contraste est mis en avant : les premières images nous montrant une séquence de bataille armée dans la région du Cachemire, puis le générique nous plonge dans le Tamil Nadu et dans un climat d’insouciance avec des images où les personnes manifestent la joie d’être ensemble, leur communion avec la nature et les animaux.
Roja se contente de décrire une situation sans approfondir et sans beaucoup de subtilité. On aimerait que la situation du Cachemire soit mieux mise en avant. L’histoire se concentre surtout sur les répercussions des tensions et des actions terroristes à l’échelle des histoires humaines, à travers le personnage de Roja qui bascule de sa vie familiale heureuse à la tragédie de conflits qui la dépassent et qu’elle ne comprend pas.
Cette histoire est portée par une superbe musique composée par Allah Rakha Rahman. Un musicien qui a contribué à faire évoluer la musique des films indiens en introduisant des éléments de musique occidentale. Elle est aussi portée par des images et des plans poétiques qui sont un régal pour les yeux.
Ce premier volet est suivi de Bombay (1995) et du poignant Dil Se (1998), que j’ai reçu comme un coup de poing !