Chiantissima!
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Avec Roma, c'est comme si Alfonso Cuarón avait écrit une déclaration d'amour à trois destinataires qui lui tiendraient à cœur.
En premier lieu, à son enfance. D'abord par l'omniprésence de la demeure familiale, espace de circulation de tous les membres de la maisonnée, hormis le père. Filmée en coupe et en longs plans horizontaux, cette grande maison bourgeoise où se sont cristallisés les souvenirs les plus marquants du jeune Cuarón- jeux, bagarres, repas de famille...-, occupe une place centrale dans Roma... A une échelle plus large, c'est la capitale, Mexico, ses rues, ses cinémas, ses quartiers riches ou défavorisés que le réalisateur décide de mettre en avant. Et son savoir-faire en termes de réalisation - photographie, cadrage, travelings...rend son projet particulièrement somptueux. Il y a du Fellini, celui d'Amarcord ou de Fellini Roma dans ce plaisir à convoquer les lieux de sa jeunesse et à les filmer avec le cœur.
La deuxième déclaration d'amour est également très fellinienne dans l'esprit. C'est celle pour le cinéma. Ici, les films diffusés sur le petit écran familial, là, les succès populaires programmés dans les grandes salles de la ville. Alfonso Cuarón est tombé amoureux du cinéma dans son enfance et il lui rend hommage. Sous la forme d'un bref mais explicite clin d’œil à Gravity avec un extrait des Naufragés de l'espace, ou à l'occasion de cette magnifique séquence de cinéma qui voit la détresse de Cloé, lâchée par son amant, se télescoper avec l'hilarité provoquée dans la salle par La Grande Vadrouille.
Enfin, Cloé, cette jeune femme de maison d'origine indienne à qui Alfonso Cuarón déclare rétrospectivement son attachement. Dès les premières scènes, le film s'éloigne des membres de la famille - la mère, le père, la fratrie... - qui ne sont jamais filmés en plan serrés-, pour adopter le point de vue plus spécifique de la jeune femme. C'est d'elle dont il va être question, de sa place dans la famille, de son destin. Mais c'est là, à mon avis, que le projet d' Alfonso Cuarón atteint quelques limites, le réalisateur mexicain ne parvenant jamais complètement à nous émouvoir. Comme si la beauté formelle indiscutable qu'il employait de scène en scène, en venait à mettre une trop grande distance avec ses personnages. On finit nous aussi par nous attacher à Cloé mais la mise en scène ne nous permet jamais de la comprendre vraiment. Là où les films de Fellini foisonnaient de personnages hauts en couleurs et d'humanité, on sent que Roma, tout en débordant d'amour ne réussit pas complètement à nous emporter.
Un très beau film pour autant.
Personnages/interprétation : 8/10
Histoire/scénario : 7/10
Réalisation/ photographie +++ : 9/10
8/10
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Créée
le 7 janv. 2019
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