En 2009, Roman Polanski est arrêté en Suisse où il vient de poser le pied pour… recevoir un prix pour l’ensemble de son œuvre ! Nous avions à l’époque évoqué le sujet ici, sans bien comprendre la compassion qui agitait la corporation cinématographico-culturelle, qui défendait l’un des siens avec un corporatisme plutôt mal venu.
Pour cette histoire de viol sur mineure qui date de 30 ans, (mal) traitée dans le doc Wanted and Desired Polanski se retrouve en résidence surveillée dans son chalet de Gstaad. Alors qu’il craint d’être extradé pour l’Amérique, un vieil ami, Andrew Braunsberg (producteur de Macbeth, et du Locataire), lui propose de l’interviewer sur l’affaire.
Roman Polanski: A Film Memoir est le film de cette interview, ni plus, ni moins, mais cela suffit pour être énorme. Car ce simple champ/contre champ dans un chalet, agrémenté de quelques images d’époque, et surtout d’extraits de films, montrent à quel point l’œuvre de Polanski (et tout particulièrement Le Pianiste), c’est sa vie.
Polanski raconte l’affaire, mais rapidement, il se raconte : Cracovie, le ghetto, les persécutions nazies, le départ de ses parents pour Auschwitz, et le retour du père et de la sœur, sans la mère. Il suffit de voir un vieil homme pleurer sur le sort d’un ami d’école perdu il y a soixante-dix ans de cela pour comprendre que Polanski a mis tout ce qu’il avait refoulé depuis tant d’années dans un seul film, et quel film : Le Pianiste. Et quand on lui demande quel film il préfère, il demande que l’on mette précisément ces bobines-là dans sa tombe ; Le Pianiste, le film où il a-enfin – tout dit.
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