"Romance on the High Seas" concentre toute la douceur (un peu trop) sucrée des comédies romantiques américaines des années 50, bien qu'on soit ici à la fin des 40s. Madame pense que monsieur la trompe, parce qu'il a toujours une bonne excuse au dernier moment pour ne pas l'accompagner dans ses voyages, et monsieur pense que madame la trompe, parce qu'elle fréquente d'autres hommes que lui et qu'elle reste évasive sur certains sujets. Tous les deux ont tort, on le sait d'emblée, mais tous les deux mettront en œuvre un plan pour faire surveiller leur conjoint pendant une période où ils seront séparés l'un de l'autre. Problème : madame devait partir à Rio à bord d'une croisière, et monsieur n'étant pas disponible, elle se fait remplacer sur le bateau pour mieux rester à New York et épier son mari ; et de son côté, monsieur envoie un privé suivre les mouvements de madame sur le bateau. Bien sûr, dans cette foire de quiproquos et de malentendus, les deux larrons envoyés au front tomberont amoureux d'une personne n'étant pas celle qu'ils pensaient être.
Dans cette quête d'infidélité, on reste dans un registre extrêmement bienveillant et prude, comme si le code Hays avait pesé de tout son poids sur cette production en particulier. Personne ne trompe personne — même si certains pensent que l'autre est en train de tromper. Puisque chacun enquête sur les activités de l'autre, les malentendus enflent jusqu'à la toute fin, dans un troisième acte situé dans un hôtel à Rio, dans lequel tout ce beau monde se retrouvera à l'occasion d'une explosion de révélations. Premier film de Doris Day (dans lequel elle chantera à plusieurs reprises), il lui permet de rayonner de sa beauté de poupée Barbie, parfaitement blonde, habillée et maquillée, capturée dans l'écrin d'un Technicolor rutilant. Le canevas scénaristique reste tout de même sacrément artificiel, et même si Michael Curtiz ne recherche à aucun moment la sophistication dans la comédie, on aurait pu espérer un peu plus de densité que cette recherche du divertissement pur.