Un néo noir langoureux qui fait la part belle à un casting 5 étoiles d'habitués des seconds rôles en plus de permettre à Gary Oldman de trouver l'un de ses (son ?) meilleurs rôles. Habité comme rarement dans la peau d'un privé coquin qui perd la raison dès qu'une paire de jambes s'offre à lui, il habite littéralement chaque plan de ce Romeo is bleeding, avec ses yeux bleus profonds sans cesse à la recherche d'un point d'ancrage. Il faut dire que la tâche est rude quand Lena Olin appuie sur sa corde sensible en jouant savamment des hanches avant de dévoiler ses réelles intentions, bien plus morbides qu'une cavalcade coquine dans un Brooklyn sordide.
Comme tout néo noir qui se respecte, c'est avant tout l'ambiance qui prime ici. En plus des acteurs qui se prennent tous délicieusement au jeu, Peter Medak s'en sort avec les honneurs niveau mise en scène : pas de tape à l'oeil mais de nombreux plans de coupe bien pensés qui sans crier gare rendent la photographie intéressante car cette dernière transcende en un instant la banalité des lieux filmés par un point de vue singulier (j'aime beaucoup la scène où Oldman creuse son trou pour n'en citer qu'une).
Une bobine à ne pas manquer pour quiconque apprécie le genre. Pour chipoter, j'ai trouvé le tout dernier acte en dessous, la dernière scène un peu longuette notamment (limite surexplicative), et Juliette Lewis dépareille un tantinet si on la compare à Lena Olin et Annabella Sciorra, toutes deux parfaitement castées — la première particulièrement convaincante en femme fatale 100% marteau alors qu'on voudrait tous épouser la seconde —.
Mais je n'ai pas envie de faire la fine bouche tant j'y ai trouvé mon compte, surtout que les néo-noirs qui se respectent sont une denrée foutrement rare, et puis Scheider en parrain intraitable, c'est un bonus non négligeable qui m'a filé le sourire.
Bref, bonne pioche.