Le difficile exercice de la critique. Ce soir je me décide enfin à sauter le pas. Enfin, c'est plutôt le revisionnage hasardeux de ce film qui m'a poussée du haut de la falaise sans que je sois réellement consentante. Soyez indulgents.


Romeo + Juliet est bien plus qu'un énième hommage à la plus célèbre des pièces de William Shakespeare. En voulant adapter un monument de la littérature comme celui-ci, trop nombreux sont ceux qui se sont enfermés dans le corset étriqué du texte original au lieu d'en faire un mannequin à revêtir de leur créativité.


Baz Luhrmann évite avec brio cet abîme et joue les grands couturiers. Adieu jupons victoriens bouffants, bonjour chemises hawaïennes bariolées. Entre nous, ces dernières sont nettement plus adaptées à la Verone Beach qui sert de théâtre à un western moderne aux accents punk dans lequel s'affrontent les clans Capulet et Montaigu, armés de calibres plus clinquants que des Rolex.


Comme les défilés signés Versace ou Balenciaga, le tableau dépeint ici dénote à tel point qu'on est déstabilisé, à tel point qu'on frôle la crise d'épilepsie. Des feux d'artifices, une église éclairée de néons, nos rétines brûlent d'admiration. Mais surtout ce film fascine et séduit car il propose un concept et une esthétique inédits, quelque chose de nouveau. Et cette nouveauté est encore d'actualité plus de vingt ans après sa sortie en salle. On n'a plus vu une adaptation digne de ce nom depuis, et je pèse mes mots.


On parle trop souvent de l'histoire de Roméo et Juliette comme d'une histoire d'amour mielleuse et aussi rose que de la guimauve. Mais ce n'est pas ça, pas ça du tout. C'est une passion violente, qui contient plus de larmes et de sang que de baisers sucrés. On s'y suicide plus qu'on ne s'y épouse. Leonardo Dicaprio et Claire Danes nous le rappellent en jouant les héros tragiques, tantôt si naïfs, tantôt si graves, avec une justesse déconcertante.


Roméo peut bien porter une armure de preux chevalier, Mercutio peut bien se travestir le temps d'une soirée, le Père Lawrence peut bien avoir un énorme crucifix tatoué dans le dos, sans que cela les empêche de déclamer les vers shakespeariens, de les respecter, de les sublimer.


Pour résumer, je dirai que Luhrmann a saisi mieux que quiconque à ce jour l'essence de Roméo et Juliette. Il en démontre l'intemporalité et l'universalité avec un art et une manière qui lui sont propres, et qui fonctionnent à merveille. Mention spéciale pour la photographie et la bande originale.


Jamais ce classique ne m'avait autant bouleversée. Et je vis pour ça, être bouleversée. Je suis in love de ce film (autant que Shakespeare le serait sans doute s'il pouvait le mater). À tel point que je vais devoir réorganiser mon top 10 pour l'y glisser.

Paupoune
10
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le 14 juin 2019

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Paupoune

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