Un sujet dont le traitement s'annonçait tellement prometteur... mais qui se révèle avant tout casse-gueule. Une femme et son fils séquestrés dans une cabane au fond du jardin de leur geôlier (et accessoirement père du gamin), mais filmé de l'intérieur, du point de vue de l'enfant de 5 ans et de son univers qui se résume à quelques mètres carrés. J'attendais un discours sur le pouvoir du mensonge et sa nécessité dans des cas extrêmes comme celui-ci, j'attendais une analyse de la réhabilitation suite à leur libération, mais rien de tout ça ne sera vraiment approfondi. À peine survolé. Le seul intérêt du film, non négligeable, c'est sa description sans emphase et sans misérabilisme d'un microcosme particulier, cette cabane-prison, durant la première partie (réussie) du film.


Le mensonge, il sera évoqué très rapidement sur le thème "avant tu étais petit, je ne pouvais pas t'expliquer, maintenant tu es grand, tu dois savoir qu'il existe quelque chose à l'extérieur de cette pièce". Point. On verra les conséquences de quelques croyances plus tard, mais rien de fondamentalement intéressant, le but étant surtout de susciter de l'émotion ("oh, les chiens existent pour de vrai ?"). Room n'insistera jamais sur le mécanisme du mensonge, comment il a permis à l'enfant de grandir sans sombrer dans la folie et sans se soucier des viols répétés de sa génitrice. Mais précisons tout de même que le film évite un écueil majeur du genre, à savoir une approche tire-larmes bas du front qui aurait été tout aussi facile qu'insupportable ici. Non, si le film déçoit, c'est principalement par son contenu qui aurait mérité de plus amples approfondissements. Ou, du moins, des transitions plus souples, plus travaillées, moins mécaniques.


La réhabilitation, physique déjà, se résumera pour l'enfant de cinq ans à un léger étourdissement en sortant de la cabane pour la première fois (enroulé dans un tapis, à l'arrière d'une voiture : imaginez la situation du point de vue d'un gamin qui n'aurait jamais ne serait-ce qu'humé l'air frais extérieur), et la prescription de crème, gants, et lunettes de soleil, puis à apprendre à monter et descendre des escaliers chez les grands-parents. Quant à la réhabilitation psychologique, elle est quasi-inexistante, un séjour à l'hôpital, quelques crises à la maison, une interview difficile (et extrêmement poussive), et c'est tout. À aucun moment le scénario ne prend le soin de décrire ou évoquer les séquelles internes d'un tel enfermement (7 ans pour la mère et 5 pour l'enfant quand même) : ils sont simplement énervés et tristes par moments. On était tout de même en droit d'en attendre un peu plus, l'enfermement ne sera jamais vraiment palpable.


Mais ce qui est vraiment dérangeant dans ce genre d'histoire, c'est le manque de crédibilité de certaines étapes-clés, quand ce n'est pas pleinement ridicule. Le coup du gamin roulé dans le tapis, sans que le ravisseur ne jette un coup d'œil, franchement ? Qui y croit ne serait-ce qu'une seconde ? Déjà, à ce moment-là, ça sent le sapin. Le mec qui s'enfuit sans même tenter d'engueuler le gamin qui essaie de s'échapper et de le rattraper par la force, comme un père un peu trop autoritaire le ferait ? Tel que la scène nous est présentée, en tous cas, ça ne passe pas. La fliquette qui retrouve la maison à l'aveugle sur la base d'un "j'ai senti trois ralentissements et un stop dans la voiture" ? Le grand-père qui n'accepte pas sa fille uniquement à cause de la présence de ce petit-fils pour le moins illégitime ? Un peu d'incohérence, ça va, mais au bout d'un moment, toutes ces approximations et facilités d'écriture gonflent, on laisse tomber. Et les sanglots longs des violons de l'automne (qui blessent mon cœur d'une langueur monotone), à la toute fin, après une exorcisation in situ aussi rapide que déconcertante, m'ont définitivement achevé.


Room, c'est une très bonne idée à la base, un très bon angle d'attaque, mais un film extrêmement décevant du point de vue du résultat.


[Avis brut #42]

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le 1 févr. 2016

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Morrinson

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