Room in Rome dépeint avec un érotisme feutré la nuit de deux femmes qui viennent tout juste de se rencontrer. Un petit moment de vie inégal mais plein de grâce. Restant tout la soirée dans une chambre d’hôtel, le réalisateur va les voir se rapprocher, s’éloigner puis s’aimer jusqu’à n’en plus soif. Bizarrement, le film part très mal, avec ces faux airs kitchs et désuets de Woody Allen avec cette grande Russe un peu cruche, et cette petite jeune femme espagnole accoutrée comme un garçon manqué d’une dizaine d’années (pour bien nous montrer que c’est elle la plus lesbienne des deux hein, facepalm). Puis étant sous le charme l’une de l’autre, elles vont se déshabiller, se toucher, pour ne plus se quitter, pour ne plus remettre leurs vêtements durant toute la durée du film (ou presque).
A partir de là l’essence même de Room in Rome va naitre, s’intéressant de près à l’alchimie de deux corps. La mise en scène, qui arrive à s’extirper facilement de son idée de huit clos, magnifie avec pudeur la beauté des deux femmes grâce à un subtil travail sur le cadrage et la luminosité. Leur peau, leur bouche, leur main, leur geste, leur attraction tout est savamment épluché aux moindres détails. La force du film reste allégrement son naturel tactile. Malgré la nudité permanente des deux femmes, il n’y a aucune gratuité ni aucune complaisance dans l’effet de style, on pénètre, si je puis dire, dans l’intimité de ses deux femmes, dans l’osmose, dans l’appréhension de l’inconnu comme tout le monde peut l’avoir vécu.
C’est beau, jamais outrancier, mais terriblement sensuel, notamment à travers la plastique somptueuse de la sublimissime Natasha Yarovenko. Les confidences sont alors plus précises, moins mystérieuses, parfois brutalement tragiques. Le film n'explore pas seulement leur attirance physique mais prend le temps de se pancher sur leur émotion distincte. Autant Room in Rome arrive à souvent enchanter visuellement, autant narrativement le film ne va pas forcément au bout de ses idées.
J’aurai préféré voir quelque chose de plus jusqu’auboutiste dans le contemplatif, dans l’emboitement charnel, alors que pendant ce temps-là Room in Rome s’enferme dans un processus narratif parfois un brin redondant et répétitif : révélation mystérieuse puis silence et pleurs, puis réconciliation sur l’oreiller. Parfois envahi par une musique pompeuse trop présente, le film dégage tout de même une atmosphère poétique, humaine, presque commune, laissant apparaitre leurs passions et les questionnements amoureux. L’alchimie est parfaite entre les deux femmes, notamment durant cette fin très bien écrite, où une fragilité non artificielle se dévoile. Room in Rome est un joli petit film érotique, d’une sensualité à consommer sans modération.