"Si votre quotidien est stressant, déprimant et anxiogène, attendez-vous à revivre des situations d’abandon similaires dans Roqya. Ce thriller a l’audace de confronter les absurdités et les contradictions sur la diffusion d’informations sur les réseaux sociaux, tout en édifiant les droits des femmes au cœur d’une misogynie ambiante. Le personnage de Golshifteh Farahani y est piégé entre une chasse aux sorcières moderne et le besoin de renouer avec son fils, son seul phare dans un monde où la violence peut éclater à tout instant."
"Nous suivons Golshifteh Farahani dans la peau de Nour, une mère séparée de son fils et qu’on accuse de sorcellerie. C’est en tout cas ce qu’on nous donne à penser dès l’ouverture. Nour est arrêtée par des agents douaniers d’un aéroport, en possession d’animaux exotiques dont la plupart sont bien venimeux. Cette séquence surréaliste esquisse ainsi de belles promesses quant à son combat à venir, mais elle révèle également les mauvais symptômes qui contrecarrent la gestion de la tension par la suite. Les manifestations démoniaques sont des interprétations ancrées dans la culture islamique et bien d’autres encore. Le sujet est traité avec une distance qui ne permet pas une immersion totale dans le récit, malgré quelques séquences fortes où l’indifférence est captée de manière horrifique. L’ensemble du récit peine donc à atteindre ce niveau de sidération, malgré le jeu tourmenté de Denis Lavant ou celui de Jeremy Ferrari, l’ex-compagnon de Nour en défaut d’autorité et de reconnaissance."
"En somme, Roqya se place dans le sillage des films de genre récents qui nous emmènent au cœur des cités, où les habitants sont tiraillés entre tradition et modernité. La technologie sert ainsi de passerelle entre les deux et de vecteur pour que la violence puisse peu à peu se propager. Nous regrettons cependant que cette chasse aux sorcières soit aussi maladroite dans son déroulé, de même pour la réconciliation entre une mère et son fils, légèrement rattrapée dans le dernier acte. Couchées sur du papier, les intentions de Saïd Belktibia sont séduisantes, mais le résultat étalé sur la toile manque encore de maturité pour sublimer son pamphlet féministe."
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