Je ne sais pas pour vous, mais moi il y a une chose que j'adore dans les films, ce sont les rencontres. Amoureuses ou amicales, peu importe, mais cet instant où deux personnes se voient et se parlent pour la première fois, est pour moi assez délectacle lorsqu'il est bien fait. La suite parfois (souvent) reste insipide au regard de la rencontre. C'est sans doute pour cela qu'une de mes comédies préférées est "Quand Harry rencontre Sally".
"Rosalie Blum" est, à ce titre, l'un des meilleurs films de rencontre que j'ai vus. Et pour cause, ce n'est pas l'histoire d'une "rencontre et après..." mais c'est juste 1h30 de rencontre !! Comme si Rappeneau avait tout compris (ou Camille Jourdy, rendons à César...) et étirait la rencontre jusqu'à son paroxysme pour terminer sur le "et après" dont, dans le fond, on se ficherait presque.
C'est donc l'histoire d'un mec plus que lambda, un Kyan Khojandi des bons jours (donc un Kyan Khojandi), hibernant malgré lui dans une ville de province tristoune, entre sa mère timbrée (meilleur rôle d'Anémone depuis Thérèse) et son boulot de coiffeur pour vieilles, pathétique à pleurer. Ce mec donc, va tomber par hasard sur Rosalie Blum, une épicière qu'il a "l'impression d'avoir déjà vue".
Pour une majorité de personnes, cette impression d'avoir déjà rencontré quelqu'un s'estompe au bout de quelques secondes, voire minutes, mais quand on a la vie d'un Vincent Machot, ce minuscule petit moment de rien du tout peut tout faire bousculer.
Ce film est tellement bien fichu et intelligent qu'il bouscule beaucoup de choses d'ailleurs, à commencer par nos certitudes de spectateurs. En effet, ce qui est beau dans "Rosalie Blum" c'est que ce ne sont pas que les personnages qui se rencontrent, mais c'est nous, spectateurs, qui apprenons à connaître les personnes tout au long du film. On croit connaître parfaitement Vincent Machot (oui on est obligé de dire son nom de famille) au bout de 15 minutes de film alors qu'en fait, malgré tout, il nous surprendra jusqu'au bout. Pourquoi ? Parce que ce film n'a pas d'autre but que de nous dire que ce qui est beau dans une rencontre ce sont les surprises et qu'un point de vue n'est en fait jamais suffisant pour connaître quelqu'un. C'est comme si, pendant une grande partie du film, Rappeneau focalisait notre attention sur nos propres œillères et non sur ses personnages.
Le contexte du film est tellement simple (il doit y avoir maximum 5 unités de lieux) qu'on en oublie que les personnages sont complexes et que jamais dans la vie on ne se dévoile totalement au premier coup d'oeil.
Ce film renvoie à nos réflexes de spectateurs habitués à des canevas tous prêts. Si une fois le personnage présenté le réalisateur nous montre un aspect ultra important au milieu ou à la fin du film, on va se dire "mais merde il ne nous l'avait pas dit avant !". Alors qu'en fait dans la vie, on dit rarement à la première rencontre "Salut, je m'appelle X, j'ai trois frères, deux chats, j'adore le gouda et je suis épileptique". Or dans un film, souvent en 10 minutes de présentation de personnage, tout cela est dit, afin justement, que le spectateur ne soit pas énervé d'apprendre à 5 minutes de la fin que merde en fait son personnage adorait le gouda, ou était épileptique.
Bref, dans Rosalie Blum, tu te fais avoir jusqu'au bout. Certaines petites choses ne t'ont pas été dites du début, c'est pour que tu comprennes bien que la rencontre est faite de plein de découvertes et de surprises.
Et en plus, Rosalie Blum fait rire et émeut. C'est une autre chose que j'adore au cinéma, c'est pleurer et riant, ou rire en pleurant (au choix), tellement la scène est touchante. Et dans ce film, il y en a plein.
En résumé, c'est donc un film qui m'a énormément plu car il réunit beaucoup de choses que j'adore au cinéma. Je ne sais pas trop comment vous pousser à aller le voir car j'ai toujours peur d'en faire trop, que les gens soient déçus et qu'on m'en veuille après.
Mais pour une fois, j'ai envie de tenter le coup et de vous dire de, sincèrement, voir ce film. Je suis prête à essuyer des commentaires de gens qui n'ont vraiment pas aimé mais au moins j'aurais tenté de vous faire vivre l'une des plus belles rencontres de ma vie de cinéphile.