Très curieux de voir Arnaud Desplechin sortir de son ordinaire. Pour la première fois, il relate un un fait divers. Aucun de ses films n'a jamais été aussi proche du réel, aussi noir, aussi oppressant. D'entrée, une ambiance lourde et glauque s'impose. Son scénario, inspiré lui-même d'un documentaire traitant du sordide assassinat d'une vieille femme à Roubaix en 2002 , nous tient en haleine en permanence. Il porte un regard plutôt bienveillant sur les personnages, nous les rendant facilement attachants, qu'ils soient policiers ou suspects, tout en nous laissant, une fois de plus, perplexe sur la noirceur de l'âme humaine. Le tout sans concession sur une société à la dérive, tout autant que sur une région (d'où le réalisateur est originaire). L'ensemble est parfaitement ficelé par une mise en scène magistrale. La direction d'acteur est au diapason. Roschdy Zem trouve là un de ses meilleurs rôles, Léa Seydoux et Sara Forestier (que je n'apprécie guère d'ordinaire) sont assez bluffantes toutes les deux, et Antoine Reinartz (césarisé en 2018 pour 120 BPM) très convaincant en jeune flic récemment muté. Roubaix, une lumière, chronique policière tout autant que drame social, est un film troublant, sombre, intense et poignant. Première incursion dans le polar totalement réussie donc pour Arnaud Desplechin. L'un des meilleurs films français de l'année.
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