De l'art comptant pour rien
On devrait rajouter des rires en OFF à ce documentaire : des « experts » y défilent pour nous chanter les louanges d’un Roy Lichtenstein qui, selon eux, transforma le vulgaire, le commercial, en art...
le 29 oct. 2023
Documentaire TV de Christian Bettges (2023)
On devrait rajouter des rires en OFF à ce documentaire : des « experts » y défilent pour nous chanter les louanges d’un Roy Lichtenstein qui, selon eux, transforma le vulgaire, le commercial, en art. En pop art. Sans plaisanter jamais, ils le déclarent disruptif, adepte de « l’anti-art » ; révolutionnaire donc. La réalité est pourtant toute autre : l’artiste transforma un art populaire, accessible à tous — la BD —, en toiles élitistes que seule une poignée d’humains pouvait se payer. Quand on aime le dessin, on réalise à quel point les images de Lichtenstein sont vulgaires. Vulgaires dans le sens ou la copie qu’il fait des images des autres est moins bonne que l’original, la vidant de son sens. Quand le sens et la plastique viennent à manquer, il reste le baratin. Un expert à lunettes apparaît à l'écran pour célébrer la fameuse toile « Maybe » dont la composition et l’exécution sont pourtant d’une platitude désarmante. Ce qui n’empêche pas l’expert d’affirmer que, grâce au soin que Lichtenstein mit dans la composition et la couleur, l’art trivial de la BD accéda enfin au musée. (Rires). N’importe quelle case d’un Jack Kirby ou d’un Milton Caniff, deux maîtres de la BD US, vaut mille fois plus qu’une peinture de Lichtenstein. Certes, de tout temps, l’art emprunta à d’autres formes d’expression. Modigliani ou Giacometti réinterprètent avec talent l’art africain. Mais Roy, lui, fit de la déco pour salle de bains. Dans le doc, quand le maître ouvre enfin la bouche, on se pince pour s’assurer qu’on ne rêve pas : il compare le travail des artistes BD à celui d’une usine. (Rires). L'œuvre de Lichtenstein est campée en critique de son époque, alors qu’elle n’est elle-même qu’un produit de plus. 38 millions de dollars pour une image sans vie. (Rires). Il faut attendre les dernières minutes du doc pour entendre la voix de cette femme dénonçant poliment la vision blanche et bourgeoise de l’œuvre de Lichtenstein. Bref : quand l’art est faible, voire pire : une coquille vide, ce n’est plus de l’art, c’est du baratin.
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le 29 oct. 2023
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