Royaltee Free c'est l'histoire de Kevin MacLeod, un homme qui produit numériquement énormément de musique et a décidé de les proposer en libre accès sur internet. Le sujet de base de ce documentaire est donc plutôt intéressant, on s'imagine déjà entendre parler de création musicale, du marché associé, voire de la question piquante des droits d'auteurs, mais oubliez tout ça, dans ce documentaire vous entendrez parler de Kevin MacLeod et de Kevin MacLeod uniquement.
Globalement pendant les 45 premières minutes vous allez voir des gens complimenter Kevin MacLeod et son talent musical incroyable, sa capacité à créer une musique pouvant coller à tout et son super business model qui lui permet de gagner beaucoup d'argent en offrant son oeuvre. Les témoignages viennent bien sur de grands pontes de l'industrie musicale par exemple le grand frère de Kevin MacLeod, le collègue de Kevin MacLeod ou la femme de Kevin MacLeod et ne sont donc en aucun cas biaisés. Quant à la qualité de ce que le cher Kevin produit, c'est clairement de la musique en conserve plutôt basique mais très efficace pour meubler un jeu mobile ou une vidéo YouTube.
Au bout d'une heure j'ai commencé à détester ce brave Kevin qui se prend clairement pour Robin des bois et une réflexion a germé dans mon esprit : notre ami Kevin ne serait-il pas au contraire en train d'appauvrir ceux qui ont le plus besoin d'argent ? En effet en proposant des musiques gratuites, il nivelle par le bas les rémunérations accordées à tous ceux qui font son travail. Son business model en or est basé sur le fait qu'il devienne connu car tout le monde utilise ses sons (et non ceux des autres créateurs) et que certains des utilisateurs lui offrent de vraies rémunérations, il est donc assez évident que pour se payer un salaire correct, Kevin MacLeod a créé un dumping social à grande échelle au niveau de sa profession et que ce n'est clairement pas ce que Robin des bois aurait fait. Le reportage fait au moins l'effort de le questionner sur ce point, ce à quoi il répond globalement qu'il l'a fait parce que le système ne l'interdisait pas et que les autres avaient qu'à faire pareil s'ils voulaient autant d'argent que lui - beau salopard. Il met aussi l'accent sur tout le merveilleux contenu qui n'aurait pas eu de bande son sans lui, je pense que vu les quelques exemples cités on aurait pu s'en passer...
Voila si vous voulez regarder un documentaire d'une heure trente parlant d'un piètre créateur de musique à la morale douteuse et dont le charisme avoisine celui d'un comptable de province ce documentaire est ce qu'il vous faut, sinon passez votre chemin sans trop vous poser de question.