Certes, au plan esthétique, on citera plus volontiers un animé de Satoshi Kon ou un animé d'Osamu Tezuka, ou bien la série Devilman crybaby, mais pourtant on a bien envie de citer cet OAV méconnu comme la perfection même et cela nous le soutenons avec le plus grand sérieux, comme notre argumentation masquée sous spoiler va tenter de le montrer. Or, ni le manga dont il est l'adaptation, ni cet animé n'existent sur le marché français !
"Maris the chojo" est le titre anglais (avec la déformation "chojo" pour "shojo" je présume) d'une histoire courte de Rumiko Takahashi, mais en animé le titre "The Supergal" semble également s'imposer.
L'histoire courte de Rumiko Takahashi ne fait que 24 pages dont une première page de titre avec un grand dessin. Elle a été publiée en octobre 1980 dans une édition spéciale du magazine Shônen sunday. A défaut de publication française, on peut se tourner vers des éditions anglaise ou italienne. Dans mon cas, je possède donc l'édition en langue anglaise. L'histoire courte a été réunie dans une série d'histoires courtes intitulée Rumic World Trilogy, a collection of classic Rumiko Takahashi short stories, qu'il ne faut pas confondre avec les recueils ultérieurs d'histoires courtes que sont le Rumik Theater puis le Rumic World 1 or W. La collection Rumic World Trilogy contient un certain nombre d'histoires courtes dont le récit Those selfish aliens qui est un peu le galop d'essai avant Urusei Yatsura, mais aussi trois histoires courtes exceptionnelles qui ont été adaptées en animés pour le marché des cassettes vidéo : Maris the chojo, Fire Tripper et Laughing target. Les deux derniers récits sont plus dramatiques, plus sombres, tandis que l'histoire de la "supergal" fait partie de la veine comique de l'autrice.
En 1980, l'autrice en était à sa première grande série à succès Urusei Yatsura et cette histoire courte de science-fiction en a récupéré tout un puissant humour satirique étonnant.
Les personnages ont des physiques d'ailleurs inspirés de la série Urusei Yatsura. Maris est une sorte de Benten et un rôle principal masculin est tenu par un personnage qu'on peut situer entre l'idiot fonceur et dragueur Ataru Moroboshi et le fier et riche Shutaro Mendo. Mais dans l'animé, on a une magnifique coiffure rouge pour Maris et on passe à la coiffure blonde pour le personnage masculin en question.
Il va de soi que les 23 pages ne pouvaient pas nourrir un animé de 45 minutes et qu'il y a eu plusieurs ajouts. Et ces ajouts, mamma mia !
L'intrigue est la suivante : une jolie jeune fille au caractère bien aigri par la misère est engagée dans la patrouille galactique, mais fortement endettée. Elle fait un petit boulot qui consiste un peu en une escroquerie pour essayer d'avoir de quoi payer ses vacances, mais elle est rappelée à une mission : elle doit sauver un fils de milliardaire qui a été enlevée. Et notre héroïne entrevoit la possibilité d'un mariage qui la rendrait riche. Elle possède une force physique exceptionnelle qu'elle doit contrôler grâce à un adaptateur particulier et elle est accompagnée d'un renard à neuf queues fort facétieux nommé Murphy qui détient un pouvoir magique avec lequel il aime à se moquer d'elle. Cependant, tout ne se déroule pas comme elle l'imagine. La personne qui a enlevé l'héritier d'une immense fortune est une ancienne connaissance désagréable et l'histoire tourne à une immense rivalité féminine. Les deux filles en présence ont des idées de réussite dans la vie assez cupides et matérialistes avec des habitudes de catcheuses, tandis qu'une évidente désillusion est facilement prévisible du côté du jeune plein aux as à sauver. Et ça vire au récit comique et satirique bien mené.
Ce synopsis vaut pour l'animé sans en dévoiler les finesses. Nous avions pour lors un bon manga de 23 pages, mais l'adaptation cinq à six ans plus tard est tout bonnement stupéfiante.
Je vais détailler cela en révélant les détails de l'intrigue dans une partie "spoiler", mais avant il faut aussi évoquer la bande-son et les génériques d'ouverture et de fin.
Le générique de fin est une reprise de passages de l'animé, mais déformés. Il s'agit d'une imitation des génériques de fin de films de Jackie Chan qui livrent une sorte de bêtisier avec des prises ratées, et évidemment ici on trouve les exagérations propres à l'univers du dessin animé. Ce générique de fin, il ne faut pas en louper une miette... Qui plus est, il est rythmé par une musique un peu rock dont les premières notes feraient penser au titre "Everybody needs somebody to love" repris par les Blues Brothers dans leur célèbre film, mais le morceau part dans une autre direction et il est tout à fait prenant et adéquat au récit animé. Il s'intitule "Binbo 86" apparemment. On peut y pressentir un probable jeu de mots. Pour nous, en France ou en Amérique, on pensera à la fille qui est une bimbo, une femme superficielle qui met en avant son physique, bimbo étant la déformation de l'italien "bambino", mais il faut savoir que "bimbo" est un mot important de la culture japonaise qui signifie "pauvreté" et tout au long de cette histoire cette malheureuse Maris (Marisu si on prononce à la japonaise) ne cesse de répéter justement qu'elle déteste être pauvre.
Une autre chanson de l'animé a eu un sort en 45 tours, elle fait figure d'interlude musicale pendant l'animé. Enfin, pour la musique, parlons du début de l'animé. On a d'abord un générique d'ouverture avec une dimension cosmique qui n'introduit pas vraiment l'histoire, mais qui fait rêver et qui pose le cadre SF, puis on a une musique un peu rythmée rock pour un duel de vaisseaux dans l'espace avec d'évidents clins d'oeil à l'attaque de la Lune noire dans Star Wars et puis on a Maris qui sort de son vaisseau, son apparition donc pour aller combattre des trafiquants de drogue. Et là, c'est du pur bonheur visuel et musical. Le vaisseau se pose, la silhouette de l'héroïne est noyée dans l'ombre avec le chatoiement rouge de sa chevelure, sa grâce féminine, sa présence musculaire et son regard déterminé. On a un mouvement ralenti et saccadé de sa main, le tout accompagné de bruits robotiques, bien qu'elle soit visiblement bien en chair, elle appuie sur un bouton et elle perd ce qu'on appellera plus loin des restricteurs qui sont des ventouses et des tuyaux servant à régler sa force. Là, elle s'en allège et devient du coup encore plus nue, encore plus sexy, et cela déclenche la musique, et elle se met à courir, et il y a une surimpression géniale dans les images et la musique entre l'explosion du sex appeal et le sentiment d'une montée en puissance, et la musique accompagne toute une première phase de combat divine. Le combat est farcesque avec des gestes décalés qui montrent que si l'héroïne est douée pour l'action, on va avant tout avoir une prestation comique. Marisu, c'est un peu une Mary Sue dont on rit. Il faut voir les coups qu'elle donne avec la position délicate des mains. Puis, on comprend immédiatement qu'elle a en effet enlever des restricteurs de force car elle s'enfonce dans le sol métallique et perd l'équilibre. C'est sublime, l'héroïne est posée, mais d'emblée sa force est tragique et comique à la fois. On rit de sa maladresse, on sent aussi qu'elle vit sa puissance comme un fardeau. C'est fascinant de beauté, d'un maximum de choses dites en peu d'instants, c'est d'une complexité qui ne perd personne en route. Ce début rend déjà complètement admiratif. Et tout ce début ne fait pas partie du manga de 23-24 pages. C'est du bonus pour l'animé, et on va voir que les ajouts de l'animé apportent une de ces profondeurs au récit qui confine au génie.
Quelle est la part de l'autrice originale dans les nouveaux développements ? Je l'ignore, mais ce que je sais c'est que j'ai les yeux rivés à l'écran et que je peux regarder cet animé quinze fois par an.
Dans la suite de cet animé, plein d'autres idées géniales sont disséminées, le traitement du manga est sublimé, et on a aussi une construction très forte et très dense du récit. Celui-ci est satirique et bien au-delà du manga d'origine nous avons un développement approfondi du personnage pour qu'à la fois nous comprenions et ressentions son envie de rompre avec la pauvreté. On va voir l'héroïne s'enfoncer dans une galère pas possible, et cette galère elle a un sens. Ce n'est pas les péripéties liées à l'action tout simplement, c'est la mise en relief du vécu du personnage et tout ce qu'elle vit prépare la fin du récit, car cela développe en elle d'énormes frustrations, la rappelle à ce qu'elle est et donc permet aux spectateurs de trouver imparable la conclusion de l'animé qui finit quelque peu à la façon cruelle d'une nouvelle de Maupassant où un personnage pour s'être abandonné à une illusion cupide ou orgueilleuse prend d'un coup un millier de gifles dans la figure, finissant clouée au sol. C'est vraiment un animé d'exception qui ne peut qu'inviter à rêver ce qu'aurait pu être une série en manga de 20 tomes ensuite adaptée en série animée...
Passons maintenant à l'analyse détaillée sous spoiler.
Après la magnifique première scène de combat et le premier déploiement des restricteurs, notre héroïne repart dans l'espace avec son associé Murphy, mais elle a oublié de remettre ses restricteurs et dans sa joie d'avoir des vacances elle brise son siège, puis fragilise toute la structure du vaisseau par sa chute, faisant que celui-ci est bon pour la casse.
Puis, nous arrivons à ce qui correspond au début du manga. Nous sommes sur planète avec une station balnéaire, des vacanciers extraterrestres. On a quelques clins d'oeil à la grande série Urusei Yatsura et lors d'un interlude musical on a droit à plusieurs gags visuels comiques, soit par la galerie de portraits extraterrestres soit par des actions sous l'eau complètement loufoques. Et on revient à notre personnage. Elle n'a pas d'argent pour payer ses vacances, sans oublier qu'elle a cassé son vaisseau et doit en trouver un autre. Bien qu'appartenant à la police et ayant un fond honnête, Marisu se permet une sorte d'escroquerie, elle joue de son charme sur une caricature de touriste japonais de petite taille, et l'oblige à recourir à ses services en tant que taxi humain. Autrement dit, elle joue le porte-faix en portant les bagages à mains nues et en faisant le trajet à pied, et elle oblige son client à payer le tarif qu'elle a fixé. Murphy est atterré, et elle se réjouit de la brise des petits billets sur son visage en envisageant de passer à de prochaines "victimes", puisque le mot lui échappe.
On a droit ensuite à un nouvel ajout avec l'hôtel un peu miteux et surtout l'invention des parents de l'héroïne. Le père ne parle pas, il sourit niaisement derrière sa femme qui tient la discussion avec sa fille. Le père est bêtement un alcoolique. Dans Maison Ikkoku, nous aurons une femme rousse alcoolique en nuisette... Mais, la mère est une femme un peu forte avec une voix bien brave, bien gentille, mais un peu simple, qui demande à sa fille de lui envoyer de l'argent. C'est génial, parce que Maris est une jolie fille, une sorte de bimbo, mais ses épaules, son style a quelque chose d'un peu rondelet maladroit et Murphy lui enverra la pique plus tard qu'elle est un peu rustaude. Il y a un léger côté mal dégrossi du personnage dans son physique et pas du tout léger dans sa manière d'être. Et on a des parents qui sont des gens simples, sympathiques mais sans l'envergure héroïque de leur fille du tout. Il y a un côté vraie vie pour une jolie fille qui ressort bien de toute cette relation familiale. Et dans les ajouts au manga, c'est ce développement des racines du personnage qui est saisissant décidément. Notre héroïne a une force anormalement élevée qui vient des gens de sa planète, mais là on découvre le drame. Sa planète a explosé quand elle était encore une petite fille et elle a assisté à la scène à bord du vaisseau qui les emportait, et elle avait déjà dans les cheveux à l'époque sa broche en forme de symbole du yen, symbole du yen qui souligne sa cupidité tout au long de la série mais qui souligne aussi l'innocence perdue, cette autre richesse. Notre héroïne devient touchant dans son désir de devenir riche, parce qu'on comprend son traumatisme. Et cela s'aggrave encore par les images de son enfance. Etant plus forte, elle doit porter des restricteurs, mais c'est dur pour une enfant de les porter pour le sport, sous l'uniforme scolaire, etc. Elle était moquée pour ses restricteurs qui l'empêchaient de vivre comme une autre fille et d'être belle et gracieuse, elle était stigmatisée en tant que différente. Et si ses parents lui demandent de l'argent, c'est parce que le père étant alcoolique et la mère étant naïve en affaires, dès qu'il y a un problème de restricteurs ils font des dégâts qu'ils doivent rembourser.
Cet animé est stupéfiant. Les restricteurs ont contribué à construire une scène initiale où le sex appeal est synonyme de puissance physique au combat, mais en plus ils servent à expliquer le traumatisme de la fille qui dans l'enfance s'est sentie exclue parce que différente et obligée de faire attention. Puis, les choses ne sont pas longuement expliquées. Le spectateur n'a que le mot "restricteurs" pour l'informer, il voit que l'héroïne fait des trous dans le métal quand elle ne les porte pas et que c'est pareil pour une famille de gens simples qui ne font qu'aller faire leurs courses. C'est génial, toutes les idées fonctionnent ensemble pour donner un truc complexe, parfait, dense, drôle, touchant et épique à la fois.
L'héroïne repart enfin dans un nouveau vaisseau avec de l'endettement. On a droit à de délicieuses expressions faciales de sa colère. Son patron profite de l'ascendant que lui confère le fait que l'héroïne lui soit redevable de l'argent avancé pour imposer ses vues. On voit aussi un gag simple et efficace. L'héroïne s'énerve, casse une planche métallique, puis la répare en s'excusant, puis repart dans ses pensées graves pour s'en sortir. C'est superbement conduit.
Et donc sa mission sera de sauver un fils de milliardaire qui a été enlevé. On passe dans un mode comique fort proche de Urusei Yatsura, puisque la personne enlevée pose sur les photos envoyées par le ravisseur. Et que ce soit le manga ou l'animé, on se fait surprendre par la révélation du pouvoir magique du renard à neuf queues, puisque neuf portraits du garçon enlevé apparaissent dans le vaisseau sans qu'on ne comprenne pourquoi au départ.
On continue de suivre la trame du manga même s'il y a quelques ajouts et notre héroïne se retrouve nez à nez, par écrans interposés, avec la ravisseuse, qui n'est autre, et ceci n'est pas dans le manga, qu'une ancienne connaissance. Jadis, Maris était une catcheuse professionnelle et elle a déjà affronté la ravisseuse sur un ring. L'une s'appelait Vampire Maris, la rousse, l'autre, Zombie Sue, la fille aux longs cheveux d'argent et aux pupilles pâles. Un autre ravisseur masqué apparaît. Autre ajout de l'animé, la misère de la ravisseuse est soulignée dans la mesure où sa base est défectueuse. La porte ne s'ouvre pas automatiquement et elle tape du pied pour relancer le mécanisme par exemple. L'ambiance comique est parfaite. Le premier affrontement se fait dans les vaisseaux, là encore c'est un ajout, et c'est superbe, parce que Maris prend le dessus et affiche un sourire fier, mais le renversement de situation est très bien pensé, elle oublie qu'elle est très forte et casse dans le feu de l'action le manche de pilotage de son vaisseau, ce qui l'expose au tir ennemi imparable.
Notre héroïne s'écrase inévitablement sur la planète voisine et commence alors une digression étonnante qui ne fait pas partie du manga mais d'une redoutable pertinence pour l'ensemble de l'histoire. L'explosion du vaisseau et la longue marche dans le désert s'inspire probablement du très mauvais premier film de la saga Star Wars, mais pour faire quelque chose de tellement mieux. En effet, on pense à 6PO et R2D2 qui atterrissent en catastrophe sur une planète et se mettent à errer dans un désert. Maris et son compagnon renard marchent, et ça dure un certain temps. On a droit à quelque chose de fort, on voit la bouche crevassée, desséchée, flétrie de Maris, puis elle finit par marcher pieds nus et ses pieds sont déformés, plein de cloques, usés, mais ça ne s'arrête pas, la marche continue, on a un gag absurde d'un gars en vaisseau qui patrouille, prétend venir les sauver et s'écrase, puis on a une variante du gag du mirage de l'oasis en plein désert. Maris voit plein de robinets qui laissent couler de l'eau, mais ils se déplacent quand elle les approche, c'est en fait le renard qui se moque d'elle par une de ses transformations. La marche se poursuit, l'héroïne traverse une avenue de ville façon western avec des gens auxquels elle ne demande aucune aide, comme si elle jugeait que c'est la loi de l'ouest qui s'applique et qu'elle n'a pas d'argent. On voit un Darth Vador furtivement passer au premier plan qui sirote une boisson, etc. Puis l'héroïne voit une affiche pour des matchs de catch féminin. Elle se réjouit enfin, mais cela ne relance pas l'action. Nouvelle déconvenue, le stade est en ruines. Et là, solution prosaïque à tout, ayant perdu son signal, le patron est venu la récupérer. Elle va reprendre la mission dans un nouveau vaisseau, mais plus redevable que jamais aux avances du patron.
Je vous passe le fait que le patron soit de petite taille, tout ce que je viens de raconter, j'ai trouvé ça génial, de la perfection à l'état pur dans l'agencement du scénario qui va vers une fin satirique sublimée. Et tout ça n'est pas dans le manga.
Du coup, l'animé organise une deuxième amorce de rencontre avec l'ennemi et on reprend le fil du récit du manga lui-même. Maris est sous la menace de l'arme de Sue qui en profite pour lui mettre les restricteurs, et comem beaucoup des personnages de Rumiko Takahashi la perfide Sue est assez lâche pour organiser un combat de catch où son adversaire est désavantagée par le fait de porter des restricteurs devenus impossibles à enlever. Il y a un côté pré-Ranma 1/2 à la scène. Bien qu'à sens unique, la scène de combat dure assez longtemps et Maris vit un nouvel enfer comique pour le spectateur, mais en même temps bien identifiable comme cruel. On a droit à un affrontement verbal de chiffonnières en même temps. Il y a une symétrie entre les deux femmes qui veulent toutes deux échapper à la misère, même si l'une le fait par des voies plus morales que l'autre. Dans le manga comme dans l'animé, la raison du pouvoir magique du renard trouve enfin sa justification scénaristique, une justification habilement construite en deux temps. Le renard se transforme en plusieurs Maris, ce qui bloque le combat, Sue devant identifier la bonne personne. Elle utilise sa télécommande pour envoyer une décharge à Maris, ce qui lui permet de contrer l'effet de multiplication des Maris, mais le renard cherche à s'emparer de la télécommande qui tombe dans un endroit peu accessible. Ici, l'animé permet un développement plus long. Le renard fait tomber la télécommande dans un trou et passe rapidement d'une transformation en poulpes à longs tentacules à caméléons utilisant leurs longues langues. Le truc est irréaliste, mais fonctionne parfaitement sur le mode comique. Or, une fois libérée, Maris ne se venge pas en frappant son adversaire. Là encore, j'admire la justesse du scénario. Maris sait qu'elle est beaucoup plus forte et dans cette rivalité il y a l'idée de pauvreté. Une fois redevenue la plus forte, Maris arrache une colonne et détruit le vaisseau de son ennemie, le bien qu'elle possède et qui la fait un peu plus riche que Maris qui a détruit plusieurs vaisseaux et n'en a un qu'à mesure d'un certain endettement. Bien que son vaisseau soit tout pourri, Sue se met à pleurer comme une gamine. Et arrive alors le comparse masqué qui de manière on ne peut plus prévisible se révèle être la personne enlevée qui trouvant la situation amusante et bien que réellement enlevé a décidé de jouer au complice de la ravisseuse, convaincue par la magie logique du dessin animé. Même si nous suivons la trame du manga, la scène finale bénéficie de la force de tous les ajouts précédents, mais aussi du développement propre à l'animé. En apprenant qu'elle allait secourir un jeune homme d'une famille immensément riche, Maris avec sa broche en forme de symbole du yen dans les cheveux avait rêvé d'une cérémonie où la musique de mariage s'accompagnait d'une montagne de lingots d'or qui se transformaient en vitraux d'église. En voyant le garçon qui vient vers elle, notre héroïne a les yens dans le regard, le garçon la serre un peu, lui offre le baiser pour lequel elle s'est avancé. Puis, avec un petit air de timidité chaste, notre héroïne regarde le sol avec un sentiment de tristesse qui perdure par le souvenir de toutes ces souffrances et puis la joie se dessine : elle se dit qu'enfin elle va changer sa vie et celle de ses parents. Elle reste pensive, n'extériorise pas sa joie, car le moment est visiblement important et sérieux pour elle. Mais, le garçon va vers la ravisseuse, lui fait lâcher la main et console la ravisseuse en lui proposant son amour avant de l'embrasser dans un baiser autrement fougueux que le précédent. L'héroïne voit tous les lingots d'or disparaître en esprit et explose de rage. On a une scène super cynique bien dans l'esprit maupassantien de Rumiko Takahashi où la méchante a finalement gain de cause et la gentille est humiliée, elle était cupide mais pas aussi mauvaise que l'autre, sauf que l'autre n'a même pas pensé à épouser le riche, c'est un amour qui s'offre à elle et qu'elle prend, pendant que Maris qui dans l'animé a eu une scène de baiser est humiliée, laissée seule, et même pas sûr d'être récompensée pour sa mission puisque le ravisseur et le kidnappé finissent ensemble. Et on a droit à une belle scène finale. Le patron râle et demande ce qu'il se passe à l'écran, pendant que neuf portraits du beau gosse essaient de remettre ses restricteurs à une Maris en pleine crise sur le point de détruire son dernier vaisseau. Et on a droit au mot fin avec une excellente construction sonore, comme de chuintements d'un engin criard, pas une trompette, mais un son criard.
Et on arrive alors au générique de fin avec plein de gags à bien scruter jusqu'au moindre détail.
Qui lira ma critique jusqu'au bout comprendra que la réputation que je fais à cet animé c'est du sérieux.