Vulgaire, ventripotent, sale, puant, incapable et mal peigné, voici Runway Cop, un flic qui a tout pour nous rappeler les plus « fins » limiers du genre, comme L’Irlandais ou l’espagnol Torrente. Pêchue, la bobine commence sur les chapeaux de roues, suivant un style burlesque pas forcément très distingué mais faisant en général mouche, allant même jusqu’aux fous rires non retenus. Puis évidemment l’improbable arrive, notre anti-héros est choisi pour mener une investigation dans le milieu de la mode, avec un jeune mannequin à protéger et des parrains de la drogue qui s’éclatent au GHB. On se marre, au début, car la suite devient tout de suite moins aguicheuse. Flashbacks inutiles dans le passé du flic pour expliquer pourquoi de beau jeune-homme il est devenu un paria, alors qu’on s’en cogne un peu beaucoup, et puis une succession de sous-trames ennuyeuses qui viennent compliquer une histoire qui en devient confuse, alors que plus de linéarité aurait été exigée pour une production de ce genre. Et puis c’est long ! (110 minutes) C’est pas que les rires ne sont pas là, mais durant la seconde partie ils sont sans cesse espacés à cause de longs passages de dialogues totalement dénués d’intérêt. Tout n’est pas à jeter cependant, car la course poursuite en berline avec gentils et méchants sous GHB offre un passage totalement déjanté et jouissif, bien tourné et hilarant. A cela on ajoutera une autre poursuite en bus gonflé à la nitro, de quoi offrir un minimum aux amateurs du genre, de même que quelques scènes de bagarres et cascades divertissantes, sans non plus être inoubliables.
Ji-Hwan Kang reste l’atout indubitable de la pellicule, absolument génial dans sa première peau, celle du flic gras, qu’il incarne de façon étonnante, opposée à ses rôles habituels, ainsi qu’évidemment à son personnage de couverture, et l’on regrette d’ailleurs que son infiltration se fasse aussi tôt au cours de la bobine (en plus d’une transformation très vite expédiée), nous privant d’un personnage que l’on aurait pensé voir plus longtemps, ce que l’affiche nous laissait croire (qui plus est le développement de l’enquête est écrit de façon tellement pataude que finalement tout se conclut un peu de soi-même, poussant encore une fois le spectateur à se demander pourquoi autant de temps lui a été consacré).
Runway Cop se révèle être une comédie un peu bâclée, ce qui est extrêmement décevant compte tenu de son potentiel, et surtout de celui de Ji-Hwan Kang.
Le réalisateur Terra Shin ne devait peut-être pas s’attendre à ce qu’il réussisse à rendre son personnage aussi attachant, malgré son côté crado, et s’est sans doute dit que le public souhaiterait le voir le plus vite possible en mannequin belle-gueule; les adolescentes adoreront peut-être, mais les autres auront plus de mal à adhérer à ce choix.
Pas non plus totalement à jeter, on en gardera le souvenir d’un produit bancal, aussi hilarant que frustrant, le plaçant sur le mince fil qui le sépare le bon du mauvais.