Rushmore
7.3
Rushmore

Film de Wes Anderson (1998)

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Je le confesse, j’ai mis du temps à apprécier le cinéma de Wes Anderson, tout du moins ses derniers films qui semblent les plus extravertis et les plus personnels. Si j’ai beaucoup aimé À bord du Darjeeling Limited et donc, Rushmore, j’attends toujours de terminer La Vie Aquatique et Moonrise Kingdom. J’ai tenté déjà deux visionnages pour La Vie Aquatique…Je crois qu’en fait Wes Anderson s’apprend, qu’il faut démarrer avec lui comme en amour. Débuter avec des films plus doux et moins déroutants, privilégier les préliminaires donc, puis partir ensuite, avec ses derniers films, partir dans une échevelée et fougueuse chevauchée faite de plaisir, quitte à en vouloir toujours plus.

Même si m’a chérie m’a dérouté en déclarant que ce film est un O.V.N.I. (ce qui me rend hésitant pour lui en montrer d’autres), je crois que le moment qu’elle a passé était presque aussi bon que le mien. Le mien était excellent en tout cas, une vraie redécouverte après avoir buté sur deux films plus récents (mais je n’abandonne pas). Ce film est l’histoire de Max Fischer, brillant fils de coiffeur échoué dans la prestigieuse école de Rushmore. Dans cette école, Max ne se sent pas parfaitement à sa place et puisqu’il pense ne pas pourvoir être accepté pour ce qu’il est, il tente d’être accepté pour ce qu’il fait. Il fait donc en sorte de présider, co-présider voir même fonder, tous les clubs et associations extrascolaires possibles et imaginables. En somme un petit génie qui préfère écrire et monter des pièces de théâtre qu’étudier. Son jeune âge ne l’empêche cependant pas, à l’occasion, de tomber fou amoureux d’une institutrice qui elle, tombe amoureuse d’un des professeurs de Max. Sa technique de drague est unique (et c’est heureux), mélange de romantisme exacerbé, de manipulations et de mensonges, mais l’intention est toujours bonne et sincère.

Même s’il s’agit ici du Wes Anderson des débuts et donc d’un univers moins bariolé que par la suite, les intentions sont bien là. L’univers décalé (qui trouve parfois son équivalent chez nous avec Jean-Pierre Jeunet, non ?), coloré, au jeu d’acteur tellement typé et particulier, la bande originale tout simplement fabuleuse et l’optimisme ambiant prennent leurs marques et font souffler une étonnante fraicheur sur cette histoire de Max, « qu’aimerait bien avoir l’air, mais qu’a pas l’air du tout ». Les trouvailles de mise en scène, visuelles et narratives, que développera par la suite Wes Anderson en sont ici à leur balbutiements, mais on sent déjà la naissance d’un cinéma unique qui n’a pas de réel équivalent. Un auteur qui tente de s’affranchir des codes pour mieux les retourner, et qui provoqua un inextinguible fou rire chez mon frère, totalement hermétique à Anderson, dont il semble rester persuadé qu’il se paie la tête de son public. Cyrille si tu me lis…

Anderson fait aussi partie de ces réalisateurs qui ont leur troupe et se la promène, comme une bande d’abonnés, de film en film. Owen Wilson bien sûr, Luke Wilson, l’excellent Jason Schwartzman qui, avec Anderson, semble condamné aux coiffures «Bichon mort », l’adorable Olivia Williams (qui vient s’ajouter à mon interminable liste d’amoureuses) est absolument craquante avec ce sourire qui chavire le cœur. Mais Wes Anderson c’est Bill Murray, l’alpha et l’oméga de ce cinéma, « le mariage pour tous » de pellicule. On sent que l’un inspire l’autre et inversement, la carrière de Bill Murray semble suivre depuis le début ce chemin qui l’a mené à tourner pour ce réalisateur. Anderson se bonifie, Murray se bonifie, qu’il y ait séparation et le pire sera à craindre.

Les commissures de mes lèvres sont venues toucher les lobes de mes oreilles hier soir, un sourire franc et sincère ne m’a pas quitté jusqu’à ce que Morphée vienne me mettre les menottes. J’étais ravi par l’optimisme frais et intelligent que dégage Rushmore, mais aussi par une belle expérience de cinéma. Je n’avais que onze ans lorsqu’Orson Welles est mort, autant dire que ça ne m’a rien fait. Alors, sans vouloir faire une comparaison absolue, j’avoue que pouvoir vivre la naissance d’un génie, qui se plantera surement parfois, a quelque chose d’exaltant quand on vénère à ce point un art né dans la ville où vous avez grandi. Je vais maintenant me retourner vers ces films qui restent inachevés, en espérant y trouver le même bonheur qu’ici.
Jambalaya
9
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le 14 mai 2014

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Jambalaya

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