Oulah, j'ai revu ce film par hasard, et ça fait mal car il n'y a vraiment pas grand chose à sauver, même les inconditionnels de ce héros seront déçus, c'est un film insipide et incolore. Quel gâchis ! Parce que le potentiel était énorme, pensez donc, c'était une rencontre historique entre le cinéma et Son Altesse Sérénissime, le prince Malko Linge, agent de la CIA crée en 1965 par Gérard de Villiers, bref du beau Linge (si je puis me permettre ce jeu de mot douteux) qui aurait pu donner un bon film d'aventure et offrir une alternative française à la franchise 007 (en fait, c'est une co-production franco-allemande). Personnellement, je n'ai jamais été fan du personnage, mais comme tout le monde, j'ai dû lire une dizaine de ces romans que certains considèrent comme des romans de gare, mais ils sont très plaisants et offrent une détente rapide et facile.
Plus de 150 millions de livres vendus à travers la planète en 1983, ça laissait songeur, et depuis plus de 15 ans, Villiers et ses fans attendaient fébrilement ce grand moment, 15 ans de contacts avortés, de rendez-vous manqués ou de contrats annulés avec des producteurs américains. Un producteur français offrait de bonnes garanties, le réalisateur Raoul Coutard, ancien chef-opérateur réputé, semblait avoir une bonne vision du personnage, mais Villiers restant co-producteur et scénariste a tout foutu par terre avec un scénario insignifiant et surtout trop déjà vu même en 1983, lui qui était si inspiré dans les bouquins, on aurait dit qu'il avait perdu sa folle invention, ne laissant resurgir que son racisme d'opérette et son érotisme de pacotille.
Au niveau casting, rien d'affolant, l'Américain Miles O'Keefe qui s'est fait connaître 2 ans avant dans le rôle d'un Tarzan muet aux côtés de Bo Derek, est raide comme un piquet, avec un visage inexpressif et des qualités très limitées d'acteur, ça n'aide pas et ça ne met pas le personnage de Malko en valeur ; il passe son temps à enlever sa veste, à mettre ses Ray-Ban et à siroter des drinks, et parfois il tord le cou à un mec. Parmi les acteurs allemands : la superbe Sybil Danning qui hérite d'un rôle trop épisodique, Anton Diffring, acteur spécialisé dans les rôles de nazis, qui incarne ici un faux journaliste aux motivations troubles, et enfin le méchant incarné par Raimund Harmstorf, bon acteur de télévision dans le rôle d'un Sud-américain (bravo la ressemblance).
Autour, un décor censé représenter le Salvador mais reconstitué dans les environs de Cannes, et comme je l'ai dit, pas de folie, pas d'imagination, pas de rythme, quelques plans de nichons par ci par là parce qu'il faut que ça ratisse large, mais on est très loin de l'érotisme démesuré des livres, un peu de violence et du sadisme mais dans des normes acceptables. Et surtout très peu d'action, à part une ou deux fusillades sanglantes, bref rien de consistant à se mettre sous la dent, pas même une bonne vieille bagarre de derrière les fagots, donc pratiquement rien à retenir de ce film navrant, 007 pouvait continuer à dormir sur ses 2 oreilles.