Douche Froide

Trois ans après la jolie surprise Ghostbusters Afterlife qui réussissait assez miraculeusement l'équilibre entre nostalgie, humour, action et émotions tout en introduisant de nouveaux personnages débarque donc S.O.S. Fantômes la Menace de Glace. Jason Reitman toujours en piste comme scénariste laisse sa place de réalisateur à Gil Kenan (Monster House) pour la poursuite inévitable d'une franchise déjà programmée dès la fin de l’épisode précédent. Malheureusement ce Ghostbusters Frozen Empire est une véritable douche froide et s'avère être un film décevant et paresseux et ce à bien des égards.

Dans S.O.S. Fantômes la Menace de Glace nous retrouvons donc la famille Spengler désormais installée dans la fameuse caserne de pompier et avec des membres devenus les nouveaux chasseurs de spectres de la grosse pomme. Alors que le maire a juré de dissoudre le groupe de chasseurs de fantômes par tous les moyens, une terrible menace plane sur la ville avec un dieu fantôme enfermé dans un artefact mais qui pourrait s'en extraire à tout moment.

La première grosse déception vient du fait que le film radote une nouvelle fois son couplet nostalgique quand bien même le film précèdent semblait être une transition parfaite pour partir vers un nouvel élan. Même si il n'est bien sûr pas question de faire abstraction totale du passé on se dit qu'il serait peut être temps d'aller un peu de l'avant et de laisser s'installer et respirer les nouveaux personnages et de nouveaux enjeux. Si l'aspect nostalgique de Ghostbusters Afterlife se doublait d'une touchante mélancolie qui en faisait un film sensible et émouvant, on se retrouve ici avec des relents passéiste enfoncés aux forceps et dans lequel les clins d’œil d'autrefois deviennent de grands coups de coude référentielles pour que tout le monde puisse s'en saisir. Passe encore pour l'épisode de la VHS de Cannibal Girls qui constitue une référence plutôt sympathique pour le cinéphages bis, mais pour le reste c'est du consommable étalé sur un plateau d'argent. Alors pourquoi pas nous remettre encore une fois ce qu'il reste du casting original, mais si c'est pour des rôles aussi maigres et anecdotiques ce n'était peut être pas indispensable. Bill Murray semble à ce titre particulièrement s'ennuyer tant il n'a pas grand chose à défendre et qu'il n'est là que pour satisfaire encore et toujours la fibre nostalgeek de quinquagénaires ayant ressortis pour se rendre en salle leur tee shirt trop petit à l'effigie du mythique logo du film. Si le film s'articule essentiellement sur le personnage de Phoebe (Mckenna Grace) on se rend vite compte qu'au lieue de laisser de la place aux vieille gloires qui en plus existent à peine (hormis peut-être Dan Aykroyd qui a un rôle conséquent) il serait utile de faire enfin pleinement exister la nouvelle équipe en étoffant un peu des personnages globalement assez creux. Car finalement Paul Rudd, Finn Wolfhard et surtout Carrie Coon absolument transparente sont à peine plus développés qu'une multitude de caractères secondaires et quasiment décoratifs. Bien que pas beaucoup mieux écrit que les autres, seul le personnage interprété par Kumail Nanjiani nous feras légèrement sourire dans un rôle de sidekick pourtant très ordinaire.

Ces défauts d'écriture se ressente malheureusement jusque dans un script aux enjeux certes multiples mais tous aussi bateaux les uns que les autres. Du coup, on s'ennuie tout de même assez fermement entre des conflits familiaux dignes de sitcom, un pseudo récit initiatique d'un type lambda à la découverte de ses pouvoirs et les atermoiements d'une adolescente qui cherche sa place dans le monde, on en vient à attendre désespérément que ce foutu super fantôme glacée sorte de son oeuf kinder pour venir réveiller tout ce beau monde et foutre un peu le souk. Mais là encore, même au niveau de l'action le film n'est pas bien folichon et Gil Kennan bien trop sage semble se contenter d'un registre minimum bien loin d'exalter nos sens et notre fibre héroïque. Peu de raisons de se marrer, pas vraiment d'émotion, pas de frissons ni d'action, le bilan semble bien trop maigre et fortement défavorable une fois sortie de la salle de projection. Franchement hormis la performance très correcte de Mckenna Grace, les deux minutes ou l'on entend la chanson de Ray Parker Jr, le prologue du film assez réussi et le look très héroic fantasy de ce super fantôme de glace qui est assez classe il n'y a pas de raisons particulières de s'enthousiasmer pour ce divertissement correct mais sans fulgurances et surtout sans âme, le comble pour un film qui parle d'esprits étant de cruellement en manquer.

Si Ghostbusters Afterlife était un film de transition parfait avec un pont entre le glorieux passé et un avenir prometteur ce Frozen Empire est très loin de proposer l'élan positif vers l'avant que l'on était en droit d'attendre. Sans faire un trait sur le passé, il est grand temps d'imposer maintenant les nouveaux personnages et de proposer de nouveaux enjeux pour faire pleinement et indépendamment exister cette nouvelle franchise sous peine de la faire couler définitivement.