Lightnin' est une comédie de Ford tirée d’une pièce de théâtre. C’est une adaptation réussie dans le sens où l'on ne sent pas son origine théâtrale; le passage au cinéma a été bien opéré.
Les personnages sont tous typés et caricaturaux, mais c’est assumé. Les personnages sont nombreux, ils ont chacun leur place et leur importance. Parmi les plus importants il y a : Madame, une bosseuse qui porte la culotte. Son mari, Lightin qui tire son surnom de sa paresse « rapide comme l’éclair », il est fortement porté sur la bouteille. Il a la belle vie avec son compère Zeb. Le complice des deux hommes est Chester, un chien très intelligent qui rapporte la bouteille à son maître quand sa femme la jette par la fenêtre. Leur fille adoptive est une midinette agaçante qui minaude comme la plupart des personnages féminins de l’époque. L’avocat est le beau gosse du film et bien sûr nous n’échappons pas à la romance entre les deux !
Lightnin qui rampe devant sa femme, se montre capable d’une résistance inattendue quand sa femme veut lui faire signer un papier pour vendre l’hôtel alors qu’il a très bien compris qu’il s’agit d'une escroquerie. N’arrivant plus à faire obéir son homme, comme elle en avait l’habitude, Madame tente la séduction, le chantage et enfin la menace. Toute l’intrigue tourne autour de cette tentative d’escroquerie qui est surtout prétexte à mettre en avant les divers personnages et leurs caractères.
A signaler que pour corser l’histoire, l’hôtel est traversé de bout en bout par la frontière qui sépare la Californie du Nevada si bien que la loi s’appliquant dans l’un de ces états ne s’applique pas dans l’autre. Il suffit de mettre un pied du côté opposé pour y échapper. Ce type de situation ubuesque se retrouve au centre d’un film italien qui a pour vedette les deux grandes vedettes comiques de l’époque en France avec de Funès, et en Italie avec Toto : La legge è legge. Toute l’intrigue porte sur la frontière entre l’Italie et la France qui coupe un village en deux et traverse même des maisons particulières. C'est également exactement cette thématique qui est présente dans Lightnin' et traitée comme un thème secondaire.
L’humour est léger, les acteurs jouent bien leur rôle. On sent que Ford a une tendresse pour le personnage de Lightnin qui est mis en valeur dans cette histoire. On ne peut s’empêcher de penser à Ford qui aura lui-même des problèmes de boisson durant des années. Dès 1931, il a fait sa première cure de désintoxication. Il pouvait comprendre ce personnage de l’intérieur.
Concernant le titre français, je ne comprends pas bien d'où il sort. Il n'est pas question de nièce et encore moins française!
Ce Ford qui reste mineur est agréable à suivre. Il souffre malgré tout assez fortement de longueurs, il aurait gagné en qualité à être bien plus court.