Complaisant (en un mot, car ce n'est pas plaisant du tout)
De David Ayer, j'avais uniquement vu Bad Times, qui ne m'avait qu'à moitié convaincu. Ici, dans Sabotage, on retrouve l'ambiance volontiers sombre et la marque d'une absence de confiance dans la police et les fédéraux.
Seulement, là où Bad Times avait réussi une première partie par des enjeux critiques envers la politique et la société étatsuniennes, Sabotage se contente... de n'avoir aucun enjeu. Et, partant de là, aucun intérêt.
Dans cette histoire d'un groupe de la DEA peuplée de fédéraux ripoux qui se font éliminer sauvagement les uns après les autres, on assiste :
_ à une succession de dialogues tous plus vulgaires les uns que les autres
_ à une psychologie de bistrot, au café du commerce, le samedi vers 11h30, quand certains en sont à leur 4e petit jaune. Si nos agents ressemblent autant à des membres d'un gang, c'est parce qu'à force d'infiltrer les cartels, ils en ont pris les caractéristiques. Et puis, le chef, depuis ce qui lui est arrivé, il n'est plus le même. Et patati et patata
_ à une réalisation qui insiste lourdement sur le glauque, le sanglant, voire les tripes quand elle en a les moyens, mais sans la moindre cohérence et sans le moindre intérêt pour l'histoire
_ à un Schwarzy juste dénué de la moindre crédibilité dans son "rôle" (rôle qui, lui-même, n'est pas crédible un instant)
_ à la croyance absurde que montrer des acteurs qui font mumuse avec des armes suffit à faire un film d'action.
Heureusement, on a droit à certains acteurs vraiment sympa, en particulier Olivia Williams et l'excellent Harrold Perrineau dans le rôle des deux policiers (et, pour les fans de Lost, Josh Holloway).
Loin d'être suffisant. Au lieu de se contenter de faire un sympa petit film d'action, Ayer a tenté une machine sombre, pour un résultat assez lamentable et complaisant.