"Sabotage" m'a fait l'effet d'une bonne surprise jusqu'à ce que je vois le nom de David Ayer crédité comme réalisateur et scénariste et là, j'ai compris.
J'ai compris l'obsession du réalisme autour des cartels de la drogue et des méthodes d'entraînement et de progression sur le terrain des flics payés pour les neutraliser (vous voyez l'influence de "End of Watch" ici ?), j'ai compris la volonté de réalisme brut, quitte à montrer des scènes d'une violence insoutenable tout en ne tombant pas dans le gore gratuit (et là, celle de "Fury" ?) et j'ai enfin compris le caractère de ces personnages de flics borderlines, très américains, (ici, on a plutôt l'influence de "Training Day", un de ses scénarii).
Oui, "Sabotage" est un pur film de David Ayer qui y infuse sa façon de filmer et ses obsessions et encore une fois, il arrive à livrer un film qui vous donne une bonne claque même s'il est vrai qu'il est moins bon que ses derniers films. Toutefois, cela me laisse augurer les meilleures choses pour "Suicide Squad" et confirme que David Ayer est un réalisateur à suivre.
Mais ce n'est pas le seul bon élément de l'équipe : certains membres du casting sont impressionants et surpassent la bande pourtant composée de fortes personnalités.
Je veux parler de Sam Worthington et de Arnold Schwarzenegger. Le premier est méconnaissable le crâne rasé et une longue barbichette sur son visage. Il endosse le rôle d'un personnage qui n'est pas vraiment un leader dans la bande mais son jeu tout en nuances le distingue des autres acteurs : lui ne fait pas passer son personnage pour une brute endurcie et qui prend du plaisir à tuer. Non, Worthington lui donne une certaine humanité, le dote de sentiments, d'une capacité à ressentir le doute. Il n'a pas un visage fermé et dénué d'expression comme les autres.
C'est cette performance toute en nuances qui le fait sortir du lot.
Je peux dire la même chose pour Schwarzy qui fait preuve ici, comme rarement ailleurs, d'une certaine profondeur dans son jeu d'acteur : il n'hésite pas cette fois à montrer des sentiments de faiblesse et de tristesse même si le gros dur reste tout de même bien plus présent.
Ces deux acteurs sont malheureusement l'exception car le reste du casting, à quelques rares exceptions près, est mauvais, froid et inexpressif au point que l'on ne ressent pas d'empathie pour leur sort individuel.
C'est dommage d'avoir fait un si mauvais choix de casting quand on voit l'application avec laquelle des recherches ont été faites sur les milieux de la DEA et des cartels de la drogue, sur le fonctionnement des unités spéciales et sur les façons d'opérer des traficants. Ce travail pour être le plus proche possible du réel est un peu gâché par cette erreur de casting.
Cela dit, le film reste quand même une (petite) claque et est très efficace. En grande partie, encore une fois, grâce à David Ayer.