Dans le sillon du "Grand Prix" de Frankenheimer

Après quelques années d'inactivité, l'un des outsider de la nouvelle vague japonaise revient derrière la caméra grâce au comédien Yûjirô Ishihara (également producteur) pour un film d'automobile sous influence du [b]Grand Prix[/b] de John Frankenheimer, au point de viser la même durée : 3h. On y retrouve des ambitions internationales avec un casting surprenant où en dehors de poids lourds japonais (Yûjirô Ishihara, Ruriko Asaoka et dans des seconds rôles Tatsuya Nakadai ou Toshiro Mifune), on trouve les français Emmanuelle Riva, Jean Claude Drouot ou Alain Cuny !
Les langues alternent ainsi japonais, anglais et français avec une certaine fluidité, pour ne pas dire homogénéité. Contrairement à ce que je craignais les acteurs français s'en sortent plutôt bien, avec un jeu pas trop rigide ni trop emprunt de tics de la nouvelle vague française. Par contre l'acteur noir en fait plutôt des caisses.
L'histoire alterne courses automobiles, entraînements et pas mal d'intrigues sentimentales avec doutes, ancien amant et séparation. Est-ce que tout cela justifie 3 heures ? C'est pas évident même si les 3h passent plutôt pas si mal malgré un grave manque de fonds. Les personnages restent finalement très superficiels et contrairement à l'excellent Un type méprisable (qui avait déjà un crise en couple sur fond de road movie et rally), Kurahara ne parvient à lui donner davantage de profondeur ou une dimension plus existentielle. De plus, Kurahara, qui filma au début de sa carrière certaines séquences parmi les plus stimulantes et exaltantes à l'intérieur de voitures, accouche d'une mise en scène assez conventionnelle, encore que ça donne une certaine élégance à certains moments plus intimistes et que ça confère aux séquences automobiles un réalisme plutôt immersif. C'est évidement le cas pour la course finale qui dure pratiquement une heure, qui fut tourné durant un véritable rally en Afrique, et qui reste toujours prenante.
Malgré ses limites et son manque d'originalité ou de surprises, ça reste plaisant à suivre, en partie grâce aux comédiens et à un montage qui donne une cohérence à son rythme. La bande originale (assez réputée chez les connaisseurs) de Toshirô Mayuzumi est également très sympa.


Longtemps oublié ou visible dans des versions tronquées (sans doute celles pour l’international de 130 minutes ou environ 1h30), le montage intégral a été reconstruit il y a quelques années et est exploité en DVD/blu-ray au Japon désormais (sans sous-titres).

anthonyplu
6
Écrit par

Créée

le 5 juil. 2019

Critique lue 263 fois

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 263 fois

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

12 j'aime

2

Daisy Miller
anthonyplu
8

Miller's time

Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...

le 17 avr. 2017

10 j'aime