Alors déjà, une des premières raisons d'aller le voir, ce film, était que Karin Viard est dedans. Oui, on l'aime bien cette actrice. Elle n'a jamais (ou rarement déçu) dans ses rôles et c'est le cas dans ce film de Jennifer Devoldère.


Sage-Homme, donc, raconte l'entrée d'un étudiant, Léopold (bien joué par Melvin Boomer), dans le monde des Sages-Femmes. Un choix contraint pour lui mais qu'il espère temporaire. Il va être vite pris sous l'aile de Nathalie (Karin Viard), une vétérante (ou vétérane) du métier et franche du collier qui va le mettre tout de suite dans le bain entre des corvées peu ragoûtantes et des moments de mises au monde en salle d'accouchement. On rit ou sourit de la situation nouvelle de l'étudiant écarquillant les yeux et ayant des haut-le-cœur à la vue de l'aspect viscéral des premières naissances qu'il assiste, ou dans ses corvées de nettoyage d'ustensiles souillés par divers liquides corporels ; faut dire que j'ai un peu détourné les yeux quelquefois sur quelques gros plan d'anatomie en plein travail.


Comme Léopold est le seul homme dans un milieu professionnel majoritairement occupé par des femmes, ce n'est pas facile au début pour lui, peu intéressé car il vise une autre ambition et peu dégourdi. Il doit cacher sa situation tout comme son échec à son examen final de médecine à son père (Steve Tientcheu), veuf qui élève ses trois autres frères et avec qui, dans une promiscuité d'un appartement, ça devient tendu, sans parler des préjugés machistes familiaux : le rose ça fait tapette, par exemple, alors que cette couleur vestimentaire permet d'identifier la fonction spécifique du personnel au sein d'un lieu hospitalier. Machiste aussi quand un cousin du père laisse faire les courses à sa femme enceinte jusqu'au cou commençant alors à perdre les eaux dans une autre scène.


Le film nous fait découvrir un monde, jusque dans l'intimité des salles d'accouchement où quelquefois ça se passe bien et parfois moins bien. C'est parfois drôle, en repensant à cette scène d'accouchement décalée, dans laquelle un futur père au comportement saugrenu, l'œil à son caméscope, nous torture les oreilles en imposant dans la salle du Lara Fabian à fort volume sonore pendant que sa femme travaille sur la table-lit, pour sortir une fille dont je laisse deviner quel prénom va lui donner la mère admiratrice de la chanteuse.


Les venues au monde de petits êtres dégoulinant de fluide amniotique génèrent des joies, des satisfactions d'une assistance bien exécutée, mais aussi des tristesses quand la vie se refuse à d'autres nouveaux nés ou quand des décisions injustes sont prises à l'encontre du personnel suite à une plainte pour faute injustifiée. Il nous fait découvrir aussi, par quelques répliques philosophiques de Nathalie, que le métier de sage-femme n'a rien de dévalorisant par rapport au milieu considéré hautain de la médecine. Car comme elle le dit si bien, chacun a un rôle important dans un grand tout d'une clinique, d'un hôpital, à n'importe qu'elle échelle sociale et professionnelle.


D'une fierté mal placée des débuts, qui n'attirera pas la faveur d'une étudiante de la même classe interprétée par Tracy Gotoas, commencera à venir à la place une fierté toute nouvelle chez Léopold, passant progressivement au-dessus des quolibets de son entourage familial.


C'est un film intéressant, gratifiant et positif faisant plonger dans les couloirs d'une profession où évidemment ce n'est pas tous les jours facile entre manque de moyens, de budget, les tensions accumulées des journées et où il existe peu de temps pour souffler. Cependant Sage-Homme a le mérite d'ouvrir une porte sur un monde pour quiconque peut s'en inspirer à de belles motivations (pour les hommes surtout je pense).

MonsieurScalp
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le 23 mars 2023

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