La cathédrale des pauvres

Gaudi n'est pas un simple architecte, Gaudi est un artiste total, un passionné, un novateur, un fervent chrétien et un mystique de la nature.

La Sagrada Familia, cathédrale de Barcelone, merveille du monde moderne, est un temple expiatoire de la souffrance et de la violence qui secouent la Catalogne de la fin du XIXème et du début du XXeme siècle, consacré au dieu chrétien et au christ, bien sûr, mais aussi, dédié à la beauté, à l'art et à la grandeur de la nature, omniprésente dans l’œuvre de Gaudi. La Sagrada Familia est l’œuvre testament de Gaudi, un testament architecturale, artistique, spirituel.

Face à la Sagrada Familia, l'homme doit se sentir comme une fourmi devant une montagne. C'est que la cathédrale est un projet ambitieux, elle doit pouvoir regarder, toute fière, les autres cathédrales de toute sa hauteur, sans pour autant dépasser la plus haute montagne surplombant la ville, Gaudi tient à rester humble face à la création de Dieu: la nature.

Plus qu'un simple style art nouveau (modernisme catalan), l’œuvre de Gaudi, héritière assumée de la tradition gothique, se nourrira d'influences architecturales absolument hétéroclites, des influences chinées dans des architectures propres à des peuples complètement différents, à des époques complètement différentes, brouillant ainsi les pistes dans un savant mélange, rendant la beauté universelle. Elle doit aussi son originalité dans des formes géométriques, piochées dans la nature, totalement inédites en architecture !

Pour détailler ces inspirations, le documentaire prendra soin de nous faire découvrir d'autres monuments que l'on doit aussi à Gaudi, l'on y ressent les influences de toute la méditerranée de l'époque, mais aussi d'ailleurs, du japon, du monde perse et arabe, du monde indien, de l’Égypte du temps de la campagne de Napoléon...

Me concernant, l'architecture toute particulière de la Sagrada Familia m'évoque d'autres temples à travers le monde, comme celui d'Angkor Vat ou encore la grande mosquée de Djingareyber.

Enfin, l'usage de toutes les techniques imaginables du temps de Gaudi marque profondément le génie de l'artiste, dont l'électricité pour illuminer l'étoile de la tour de la vierge marie et la croix de la tour centrale de la cathédrale. Mais aussi la technique du trencadis, une sorte de mosaïque de grosses pièces de faïences, mise au point par Gaudi et son plus loyal associé, Josep Maria Jujol, une technique que l'on peut voire employée au parc Gûell par exemple.

A l'heure actuelle, la Sagrada Familia est toujours en construction, financée par les visites et par les dons, le style change donc légèrement avec le temps tout en gardant l'idée originale intacte le plus fidèlement possible, ainsi, l'une des façade représentant la passion du Christ sera ornée de statues expressionnistes de Josep Maria Subirachs, aux angles pointus, acérés, tranchant avec la joliesse du reste du monument, rendant la passion plus poignante encore.

Il y aussi Etsuro Sotoo, à qui l'on doit les portes de bronze, dans un style plus naturaliste, qu'affectionnait tant Gaudi, tout en restant une interprétation personnelle de l’œuvre.

Il y a enfin ces chercheurs et ingénieurs qui vont reconstituer patiemment les restes des moulages de plâtre du maître, brisés en mille morceaux à cause de la violence des hommes, et indispensables pour comprendre comment marche les structures si particulieres au style de Gaudi, et qui vont, pour se faire, y employer toute leur science. Un travail que l'on imagine facilement comme titanesque !

Sans oublier les nombreux collaborateurs de Gaudi et, enfin, tous les ouvriers qui doivent ressentir une fierté immense de travailler sur un tel monument !

Et dire que je n'ai jamais mis les pieds à Barcelone...