Vu dans le cadre d'une projection débat avec le réalisateur du film, l'auteur de Steak machine, L214, le ReSACT et Mauricio Garcia-Pereira, lanceur d'alerte qui a révélé les images de l'abattoir de Limoges l'année dernière.
Première surprise : vu le thème de la soirée, et les intervenants je m'attendais à un film sur la condition animale. Il n'en est rien. De la bouche même du réalisateur il s'agit bien là d'un documentaire sur la conditions des ouvriers aujourd'hui, et en particulier des ouvriers agricoles, que l'on retrouve de plus en plus présents dans les abattoirs, étant donné le marché de l'emploi actuel.
Et c'est un angle intéressant, dont on entend rarement parlé: pendant 90min, on observe des employés subir les cadences, les gestes répétitifs, les blessures, accidents du travails etc etc. On entrevoit les stratégies mentales qu'ils peuvent mettre en place pour oublier qu'ils travaillent avec la mort toute la journée, tous les jours. Mais on comprend aussi comment ils arrivent ici, et comment, pour certains, il n'arrivent pas à en partir : bassins d'emplois sinistrés, peu (pas) de perspectives d'évolution, de reconversion, de formation, et nécessité de survivre dans tout ça.
C'est une chose à ne pas oublier : si les principales victimes de cette industrie reste les animaux, abattus par milliers chaque jour rien que dans cet abattoir (les cadences de productions et d'abattage sont à peine imaginable), il ne faut pas pour autant négliger la souffrance des personnes qui travaillent dans cet environnement. Être ouvrier d'abattoir n'est pas une vocation, personne ne s'y retrouve par plaisir (et si c'était le cas je surveillerais de près les personnes en question) et défendre cette industrie en défendant l'idée d'un savoir-faire et d'emplois c'est manifestement ne rien savoir de ces personnes et de ce qu'ils vivent (à croire que la récupération des ouvriers est une mode...).
Un film à voir donc, pour comprendre que lorsque la souffrance des uns engendre la "casse" des autres, il est grand temps de mettre fin à ce massacre.
"Animal liberation, Human liberation. "