Spoiler
Depuis que je fréquente sens critique, je suis assez certain de ne pas aller voir un navet lorsqu'il est noté à 7/10, mais alors c'est là une incompréhension totale, et c'est pourquoi j’écris ma première critique. Je partais confiant, de bonnes critiques, Depardieu et Poelvoorde (les bonnes critiques du 13 heures de TF1 auraient du me mettre la puce à l'oreille), et là le désastre, et l'impression qu'on m'a fait acheter une bouteille de Saint Amour remplie de villageoise.
Je ne sais pas vraiment par où commencer tellement tout est un naufrage, le fond comme la forme. Le début donc; Poelvoorde tente de nous interpréter un fils de paysan paumé alcoolique qui décide de nous faire un mauvais remake de very bad trip au salon de l'agriculture. Le problème est que Poelvoorde connait les mecs qui ont grandi dans des cités minières du Nord, mais les paysans auvergnats, il connait pas, et ça se sent, beaucoup... On ne croit pas à son personnage du début à la fin, et on le sent très mal à l'aise dans ce rôle, d'autant que les réalisateurs ne lui ont épargné aucun des clichés du personnages. Là dessus son père, Depardieu, est désespéré que son fils ne veuille reprendre l'exploitation, de la déconsidération complète que les gens ont pour le métier d'agriculteur et de la déchéance que cela provoque chez son fils. Situation réellement vécue par de nombreuses personnes en France, il y avait un vrai message à faire passer, mais là encore c'est complètement raté. Le personnage du père est une empilation de clichés , Depardieu sauve (un peu) les meubles, mais son personnage, ses dialogues sont d'une telle lourdeur (la scène ou il tente d'expliquer le sens de la vie en faisant une métaphore avec les sillons dans un champs... je me cachais les yeux devant cette scène pour ne pas voir Depardieu se rabaisser à ça). Ce personnage qui devait être un hymne à la paysannerie en devient presqu'une offense tant il est peu crédible. Bref, jusque là je trouvais ça mauvais mais je me disais que c'était un gentille petite daube fait par des bobos parisiens pour expliquer aux bobos parisiens que le campagne c'est génial.
C'était sans compter sur leur départ totalement impromptu du salon de l'agriculture pour faire le tour de France en 3 jours dans un taxi qui va leur coûté 3000 balles au bas mot, conduit par Vincent Lacoste sensé représenter le jeune parisien paumé lui aussi et désabusé, sauf que ben là encore ça marche pas. Après nous avoir sorti quelques clichés très attendus sur les citadins, on nous sers un personnage totalement surréaliste, qui enchaîne les dialogues et les scènes absconses, j'ai du mal à exprimer le non sens complet de l’intégralité des ses actions. J'ai bien compris que le film se revendique un peu comme un conte (enfin du moins je l’espère sinon c'est encore pire) , mais dans un conte, on peut s'identifier aux personnages, là c'est impossible, des gens comme ça n'existe pas sur terre et personne ne se comporterait d'une telle façon. Et puis faire un conte sur la souffrance des agriculteurs en 2016, c'est comme vouloir faire breacking bad en comédie musicale.
Et alors commence leur descente dans le sud, et notre descente au enfer. Outre le fait que le tout dégouline de mièvrerie à en vomir, des dialogues aux cadrages en passant par la BO, que le scénario n'a ni queue ni tête, le fond est encore plus indigeste. Pour vous là faire en gros : "les femmes c'est fait pour écarter les jambes et pondre des petits agriculteurs, nous on se bourre la gueule au pinard comme dans notre belle France d’antan, de toute façon nous on bosse les autres c'est tous des fainéants". Mention spéciale pour cette scène encore plus sortie de nul par que les autres où Deupardieu se retrouve sans aucune raison dans une chambre avec une gamine de 18 ans qui hurle hystériquement qu'il faut faire des heures sup non payées et sucrer toutes les alocs pour rembourser la dette, comme ça, sans raison, comme un cheveux sur la soupe.
Et la fin, mais la fin mon dieu, je priais pour que ça s'arrête, c'était vraiment très gênant pour eux, du discourt de père jusqu'à l'accouchement de la vache, rien ne vous est épargné, une dissection gore de tous ce que le cinéma peut produire de niaiseries plus attendues les unes que les autres. Je vous jure que dans "l'instit" en 1995 sur France 3 ils en faisaient pas autant.
Enfin ça s'arrête, mon amie et moi n'avons pas eu besoin de mot ni même d’échanger un regard pour savoir que nous avions tous les deux trouvé ça affligeant. Je crois qu'on a du rester 5 minutes assis, sous le choc, à tenter d'expliquer pourquoi quelque chose d'aussi navrant pouvait avoir d'aussi bonnes critiques, je n'ai pas la réponse, mais c'est assez intéressant et flippant de se poser la question.
Bref, si vous voulez voir un film bien mauvais, regardez Sharknadow 2 sur TMC, c'est gratuit et vous passerez un meilleur moment.

chevals
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le 8 mars 2016

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