J'avais laissé Kervern et Délépine après leur grand soir, ranimé à l'idée que, malgré tout, we are not dead. Les compères m'emballent toujours autant, et même si j'ai loupé Near Death Experience, c'est plein d'entrain que j'ai entendu parler de Saint Amour. Des acteurs de talents, qu'ils connaissent bien, Gérard Depardieu (pardon, LE Gérard Depardieu), et Ben Poelvoorde, accompagné d'un jeune Vincent Lacoste qui n'a plus besoin de faire ses preuves.
L'histoire, triste mais réaliste, est celle de la plupart des jeunes agriculteurs : confrontés à la solitude, la dureté du travail, la désertification rurale, ceux-ci sombrent soit dans la folie soit dans l'alcool, et chaque fête de village, chaque salon ou foire agricole devient un prétexte. Alors chaque année, Bruno (Poelvoorde) et son oncle (Kervern) font leur tour de France des vins sans sortir de l'événement. Le challenge cette année est de finir la tournée des stands, en emportant un souvenir de chacun.
Mais Jean (LE Depardieu), venu présenter son taureau, surement pour la dernière fois de sa vie, ne voit pas les choses comme ça. Il a promis à sa femme décédée d'arrêter de boire, et tient parole.
Mais voilà, devant la détresse de son fils, il l'emmène faire la route des vins, en compagnie du chauffeur de taxi (Lacoste). S'ensuit la découverte du terroir, de la richesse viticole de la france, et de l'amour.
Si l'histoire est assez simple, c'est une pure déclaration d'amour à la France rurale, agricole et sauvage. Les paysages sont beaux, dégagés et verts. Les personnages sont particuliers, de l'agent immobilière lesbienne à la serveuse nunuche (certains y verront peut être la Marie des Galettes de Pont-Aven). Le trio de tête semble enfiler son rôle comme un gant, et surement pour cause : Depardieu jouer un ancien alcoolique repenti, Poelvoorde un paumé buveur compulsif et Lacoste un jeune qui ne s'est pas encore trouvé, c'est plus que dans leurs cordes.
On sort de ce film de bonne humeur, avec l'envie de se boire un verre ou deux, de rouge si possible, de s'oxygéner les poumons (sans sulfites) et, pourquoi pas, d'arrêter de penser à la crise et à tous les milliards qu'on doit rembourser.
Je vous conseille de voir ce film parce que :
- Depardieu en vieux paysan, c'est l'impression de voir mon grand père descendre de son tracteur.
- le réalisme l'emporte sur la romance.
- [instant chauvin] on voit la beauté de la Drôme, notamment un plan sur la montagne de la Lance qui vend du rêve.
- même si la fin laisse sur sa faim, ça réglera une part de vos conflits œdipiens avec votre papa.
- ça ne ressemble pas tant que ça aux autres Kervern / Délépine si ce n'est pas votre tasse de thé.
Je vous conseille de ne pas aller voir ce film parce que :
- [instant chauvin] la Drôme est tellement belle qu'on veut la garder pour nous.
- l'histoire devient assez saugrenue dans les 30 dernières minutes, avec la quête de maternité / paternité, ce qui peut sembler hors sujet mais colle avec l'aspect agricole d'ensemencement de la Terre.
- ça reste du Kervern et Délépine, donc si vous n'aimez pas du tout ça risque de bloquer.