Saint Maud, premier long-métrage de Rose Glass, propose une plongée glaçante dans la psyché d’une infirmière solitaire en quête d’une transcendance divine.
La force du film réside dans sa manière de capturer la lente descente dans la folie de Maud, avec une progression aussi réaliste qu’oppressante, à l’image de The Lighthouse. La photographie sublime et une gestion millimétrée de la musique amplifient les moments de tension sans les écraser. Morfydd Clark livre une performance saisissante, passant d’un effacement troublant à un fanatisme inquiétant avec une fluidité remarquable. L’ambiguïté permanente entre la réalité et les visions de Maud ajoute une dimension dérangeante, notamment dans des scènes surréalistes comme celle du bar ou des chaussures à pointe.
Cependant, le film souffre parfois de la "rigueur scolaire" des premiers longs-métrages. Si le récit est impeccablement structuré, il manque un soupçon de spontanéité ou de prise de risque. Le final, bien que choquant, se révèle trop explicite, laissant peu de place à l’interprétation du spectateur. Cela contraste avec la tension psychologique finement orchestrée jusque-là.
En dépit de ses limites, Saint Maud impressionne par son atmosphère suffocante et son exploration des tourments intérieurs. Un film à découvrir, surtout pour les amateurs de récits où la folie flirte avec le divin, mais qui aurait gagné à se libérer de certaines conventions.