Diam's, c'est une partie de mon adolescence. Dans ma bulle et S.O.S. ont été des disques importants pour moi, et comme tout le monde j'avais été surpris par son retrait de la scène médiatique suite à ce disque. Elle disait d'ailleurs à juste titre qu'il n'y avait pas besoin de donner d'interview pour promouvoir S.O.S. puisque tout ce qu'elle avait à dire était dans cet album.
Néanmoins, ça m'a toujours chagriné de voir, ces dernières années, que sa prise de parole se limitait à quelques interviews sensationnalistes dans 7 à 8 (une émission de qualité comme chacun sait, c'est évidemment ironique) qui allaient faire fortement réagir dans les médias et sur les réseaux sociaux. Après avoir écrit des bouquins sur ce parcours personnel que je n'ai pas lu, je pense qu'il était logique pour Mélanie de maîtriser davantage son image et "s'expliquer" (comme si elle devait se justifier) avec une interview pour Brut et surtout, c'était la grande nouveauté, un documentaire sélectionné à Cannes.
Contrairement à ce que beaucoup de gens d'un certain bord politique qui n'ont pas vu le film veulent vous faire croire, Salam n'est pas du prosélytisme à deux ronds, mais juste une femme qui raconte pourquoi elle a quitté le star-system et ce qu'elle fait depuis. Oui évidemment, c'est passé par la religion, mais ça c'est personnel. Elle parle beaucoup de santé mentale, de son internement en HP, de sa vie de famille épanouie et surtout de son engagement humanitaire.
La mise en scène est très soignée dans le film, peut-être un peu trop d'ailleurs. Entre les intervenants filmés de façon à ce qu'on ne voit que leur visage ce qui donne un côté très artsy, les plans très léchés de Mélanie au milieu d'une plage ou d'un Zénith vide et les passages où elle fait du slam en voix-off (c'est ce qui se rapprochera le plus de "nouveaux morceaux de Diam's", tout ça est très réfléchi et esthétiquement c'est travaillé, je comprends l'intention derrière ces plans. Il fallait retranscrire le fait que le succès l'avait fait vriller, sa solitude ou encore ce moment où la religion l'a sauvé. Pourquoi pas après tout, c'est fait sans grande subtilité mais suffisamment bien réalisé pour qu'on ait pas envie de lâcher le film non plus.
Personnellement j'ai surtout été touché par tout le reste du film, beaucoup plus intimiste. On la voit sur un canapé à discuter avec sa mère, au téléphone avec son père (j'ai un peu de mal avec ce passage mais je comprends que ce soit dans le film), elle joue avec sa fille, est au Mali avec des orphelins qu'elle a aidé, toutes ces choses-là sont bien plus naturelles et me parlent davantage.
Je craignais le pire mais c'est tout simplement bien fait, bien pensé, et je ne vois pas au nom de quoi cette femme n'aurait pas le droit de s'exprimer. Je trouve ça fou que certains retiennent de Diam's qu'elle s'est convertie à l'Islam alors que le vrai drame de sa vie c'est que le showbiz a failli la tuer, et c'est ça qu'il faut retenir de son histoire.