Ce ne sont pas quelques petites imperfections pardonnables à un Claude Lelouch généreux qui vont me faire bouder mon plaisir d'avoir vu un film sensible, bien léché et retenu.
Evacuons tout d'abord les éléments qui pourraient peut-être amoindrir notre plaisir: un flash-forward incongru et à mon avis inutile au premier tiers du film, parfois les petits clichés de l'aigle qui veille, mais qui somme toute reste assez sobre, et un jeu des filles "saisonnières" parfois inégal.
En retour, j'ai trouvé ici un scénario solide (Lelouch pêche parfois surtout dans les fins) et qui m'a surpris, une jolie complicité Johnny/Sandrine et Johnny/Eddy, avec des jeux d'acteurs fins, sobres et qui sonnent juste.
J'ai aussi beaucoup aimé la scène de révélation dans la voiture, et le jeu de panique de l'homme, dans un échange complexe et chargé.
J'ai savouré les plans, les clair-obscurs, le lieu (j'avoue aussi que Praz-sur-Arly m'évoque aussi des moments d'enfance personnels qui amplifient mes émotions positives et mon biais d'a priori) et cette histoire d'amitié, d'amours, de filiations, de jalousies, d'incompréhensions, de tensions, de vie, de pulsions, et les aléas du monde extérieur. Enfin, et c'est aussi une des caractéristiques de la dialectique Lelouchienne: un hymne à la vie et à l'optimisme qui prend finalement le dessus, malgré les drames qui surviennent.
Comme à son habitude, Claude bien entendu livre de soi, mais fait souvent résonner les cordes d'une connivence universelle, et cette résonnance, à l'instar de "Hasard et Coïncidences", "Tout ça pour ça", "Les Uns et les Autres", "Un Homme et une Femme", a été particulièrement ample pour ce partage qu'il nous offre.