Au-delà des libertés prises par rapport au texte original, particulièrement dans son dernier acte, cette nouvelle adaptation de l'imposant roman de King du même nom souffre avant tout de sa durée. Adapter 832 pages en 1h50 de film n'est pas chose aisée et c'est bien pour cela que la dernière adaptation datant de 1979 dépassait de peu les 3h. Cette version 2024 semble avoir été coupée puis montée de manière aléatoire, dans l'idée de proner une efficacité qui ne nous emporte jamais (un carton "une semaine plus tard" est même présent, faisant office d'ellipse pour gagner du temps sur l'histoire d'amour naissante entre Ben et Susan). En résulte un produit somme toute présentable visuellement mais complètement désincarné, qui ne prendra jamais le temps de développer ses personnages et donc l'empathie du spectateur, préférant les pousser maladroitement dans un sous-genre balisé de slasher. Lewis Pullman est bien trop transparent pour convaincre en héros tourmenté et les séquences les plus marquantes du bouquin ne sont tout simplement pas mises en scènes ici. À en croire le pauvre réalisateur Gary Dauberman (et on veut bien le croire), son film sort dans une version tronquée et dépourvue de nombreuses séquences qu'il n'aurait au final pas validée. Une de plus malheureusement, serait-on tentés de dire, mais pas sûr qu'un director's cut rehaussé de 30 minutes n'y changerait grand chose.