Corri Uomo Corri ou Plutôt Saludos Humbre pour la France, traduction qui déplut apparemment au réalisateur, qui déclare dans les commentaires : "pourquoi choisissez-vous, des titres si affreux ?". Est le dernier film appartenant à la trilogie western de Sergio Sollima, après La Resa Dei conti (Colorado) et Faccia a Faccia (Le dernier Face à Face), ce film à pour ainsi dire la lourde tâche de clore une trilogie de prestige.


Malheureusement, Corri Uomo Corri ne pourra pas ou difficilement être au niveau de ses prédécesseurs. Premier point Sergio Donati ne travaillera pas sur le scénario de ce film contrairement aux deux précédents. Pour moi l'un des manques les plus important en termes de créatif et de moyens «humains». L'autre gros handicap pour Sollima est le financement du film. Car Alberto Grimaldi ne pouvait soutenir le film pas avant trois ans, trop long pour notre cher Sergio qui dut trouver d'autres producteurs, qui seront beaucoup plus avares sur les moyens. Qui reste-il au final ? Thomas Millian pour reprendre son rôle de Cuchillo, et Ennio Morricone (bizarrement non crédité au générique). Un film au rabais en somme.. Pas tout à fait, car Sergio Sollima grâce à son talent et ses nombreuses idées réussi tout de même à réaliser un film plus qu'honorable. D'ailleurs dès le générique nos appréhensions sont vite balayées, tant ce dernier laisse l'espoir d'un film très inspiré, et ambitieux. (http://youtu.be/bPHrpCA_fyk)


En termes de scénario, c'est une suite spirituelle de Colorado, car Manuel Sanchez dit Cuchillo est vraiment de retour. Il faut dire que ce personnage crée par Sollima au-delà de sa symbolique très forte, est très attachant, et drôle malgré lui.


Dans ce Western Zapata, nous retrouvons donc Cuchillo chez lui en pleine révolution, et il se fera vite embarquer dans une histoire de chasse au trésor des plus originales. Et comme dans Colorado, on rencontre un nombre relativement important de personnages qui ont chacun une contribution enrichissante et utile. Un petit coup de coeur pour la fanatique religieuse de l'armée du salut, qui livra des scènes à la fois drôles et spirituelles. Tout comme dans Colorado, on voyage, et on change d'air. Car dans Corri Uomo Corri nous passons du pueblo mexicain à la ville typique de l'Ouest américain, du désert vers des paysages montagneux enneigés. Donnant un certain rythme et évite la lassitude, mais surtout d'enrichir l'aspect photographie, qui est en toute simplicité : magistral.


Au-delà de l'esthétique et de la mise en scène, très fidèle à ses précédents travaux, Sergio Sollima n'arrive pas à atteindre le génie, et la scène culte qui restera dans les annales. Du moins, elles ne sont pas suffisamment poussées et exploitées le devenir, faute sans doute à la production du film. Cependant, il faut admettre que certaines scènes du film sont des plus judicieuses et touchantes. Bien entendu, elles sont le fruit des mésaventures de notre compañero. Je n'en citerai qu'une qui m'a fait pleurer de rire : après un discours politico-révolutionnaire Cuchillo ce fait pendre par les poignées, suite à cette injustice, il insultera un officier qui lui mettra un bâton de dynamite dans la bouche. La mèche se consume peu à peu, puis les révolutionnaires arrivent pour prendre la ville. Notre «héros» se retrouve donc au milieu d'un conflit impuissant, jusqu'à en pleurer de désespoir. Malgré tout au dernier moment, il sera sauvé et libéré. Pour ce faire Sollima fera par un procédé dont il a le secret à rendre cette scène à la fois touchante, drôle, et surtout à la symbolique dont il est soucieux.


Western All'Italia oblige Saludos Humbre (soyons fous) ce doit d'avoir une musique unique et surtout qui ne laisse pas indifférent. On se retrouve avec une bande-son très réussie, sans être exceptionnelle, qui donne le ton très zapata dès le générique du film. Jamais excentrique, ni déplaisant, le thème principal (http://youtu.be/UYiwK0kxJnc) se laisse apprécier, mais n'a pas une place si importante que dans une réalisation de Sergio Leone, voir même que dans Colorado.


Corri Uomo Curri est un western Zapata atypique comme Sollima est le seul à connaître la recette : humour, remise en cause idéologique, thèmes et situations parfois cruelles et froides. C'est également un film très travaillé, aux riches idées scénaristiques et techniques. Mais donnant l'impression qu'il est bridé par des moyens insuffisants, par rapport à l'ambition et hauteur qu'eus put donner Sergio Sollima, à ce dernier chapitre des aventures de Cuchillo. On comprend alors que ce chapitre soit le malheureux oublié de la trilogie de Sollima, mais difficilement du western All'Italia.

ElDiablo
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le 2 sept. 2013

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ElDiablo

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