Premier film angolais dans ma culture cinématographique, réalisé par une Française d'origine guadeloupéen et gersoise, en immersion dans l'histoire brûlante du pays à l'époque de la sortie : on est encore en plein dans la guerre d'indépendance de l'Angola (les rébellions indépendantistes s'échelonnent de 1961 à 1975) et Sarah Maldoror fut contrainte de tourner au Congo pour ces raisons. "Sambizanga" se situe au début des années 1960, aux prémices des révoltes qui constitueront la résistance au colonialisme portugais, avec une majorité des acteurs non-professionnels appartenant au Movimento Popular de Libertação de Angola. Le film tisse l'histoire collective du pays avec celle plus personnelle d'une famille, inspirée d'un événement réel autour de l'arrestation et l'incarcération d’un militant, père de famille, et les conséquences de sa disparition pour son fils et sa femme. À ce titre le récit est double avec autant d'importance accordé au sort de cet homme enlevé et maltraité par la police secrète portugaise dans des geôles peu recommandables qu'au désarroi de sa femme, à la recherche de son mari de prison en prison sans comprendre ce qui est en train de se jouer. Le message est limpide en ce qui concerne la dénonciation de l'oppression coloniale, avec de nombreuses séquences montrant les interrogatoires subis et la torture infligée, mais il s'accompagne d'une charpente dans un registre tragique différent, en adoptant le point de vue de sa femme dont on partage sans peine la détresse. "Sambizanga" résonne comme la chronique d'un éveil, celui du mouvement indépendantiste angolais, en soulignant le caractère essentiel du rôle des femmes et la tragédie des épreuves endurées. J'ai en outre beaucoup apprécié l'accompagnement musical avec des chants traditionnels qui viennent rythmer le périple de la femme et de son enfant.