SAMI, UNE JEUNESSE EN LAPONIE (14,3) (Amanda Kernell, SUE/DAN/NOR, 2018, 113min) :
Déroutant drame à travers le destin d'Elle-Marja, une jeune samie vivant dans la plus pure tradition lapone qui décide de renier sa culture pour s'intégrer aux mieux dans un pensionnat suédois dans les troubles années 30. Pour son premier long métrage la réalisatrice d'origine Sami nous raconte une part sombre de l'histoire coloniale suédoise envers ce peuple autochtone qui a longtemps fait l’objet d’une véritable discrimination en Suède dans l'entre deux guerres. Amanda Kernell nous offre une mise en scène assez démonstrative au plus près de la jeune héroïne pour dépeindre les humiliations ethniques subies par les élèves samis. Le long métrage s'appuie sur un subtil récit initiatique et une quête identitaire, à travers un laborieux prologue explicatif pour poser les enjeux puis une longue plongée narrative plus judicieuse sous la forme d'un long flashback. Cette étonnante évocation d'un passé méconnu bénéficie de l'intensité de jeu de l'intrigante Lene Cecilia Sparrok pour illustrer une réflexion politique universelle sur la violence étatique de la colonisation. Venez découvrir ce manifeste d'affranchissement féministe au cœur de Sami, une jeunesse en Laponie. Dérangeant. Lyrique. Touchant.