Un exercice de style parmi tant d'autres, qui fait naître des attentes assez fortes sans se montrer capable de jouer avec jusqu'à la fin et de proposer une conclusion satisfaisante. Il y a trois grands temps dans "Sanctuary" :

1) L'installation de l'intrigue et du concept, durant laquelle on voit une femme pénétrer dans une chambre d'hôtel pour une sorte d'audition étrange qu'elle fait passer à un homme. On se doute que quelque chose n'est pas normal, et au bout de 5 minutes la chose est révélée.

2) On apprend qu'il s'agit d'une mise en scène et que cette femme n'est qu'une call girl en mode dominatrice, l'homme ayant tout scripté auparavant, et qu'ils n'en sont pas à leur premier exercice. Le gars aime ça, mais va lui demander d'arrêter leurs échanges car il est sur le point d'hériter de la fortune de son père mort récemment, ainsi que de son entreprise. Elle n'est pas follement enthousiaste.

3) Puis le film se perd en "sont-ils encore en train de jouer ? où finit la prestation tarifée et où commence la manipulation ?", et s'adonne à une forme de remplissage pas hyper constructive. Le coup de la proposition d'être CEO à sa place, c'est à la fois dénué de sens et totalement contre-productif.


En fait le film préserve son intérêt tant que les cartes ne sont pas abattues. Le rapport entre les deux est intéressant pendant un moment, le temps qu'on comprenne les enjeux et que la rupture avec la maîtresse dominatrice se formule. Mais les répétitions dans la dynamique de leur affrontement rendent la chose assez vaine, sur le thème du pouvoir et de la manipulation — on sent poindre en arrière-plan une satire des rapports humains avec un peu de politique. Le portrait psychologique est taillé à la serpe, avec gros sabots pour figurer l'emprise de feu le père et l'instinct de survie de cette femme. Le duo d'acteurs qui constitue l'intégralité du casting est plutôt bon, mais cela garantit uniquement un plaisir de visionnage léger et peu durable dans le temps. Dommage que le principe n'ait pas été davantage travaillé et affiné.

Morrinson
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le 29 juin 2023

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