Trompée sur son sort, la fille d'une famille pauvre est vendue à un intermédiaire qui alimente des bordels japonais à l'étranger, et se retrouve à Bornéo au début des années 20.
Le film suit l'enquête d'une journaliste inspirée par Tomoko Yamazaki, dont les deux best sellers ont ramené en 1972 à la mémoire des Japonais les Karayuki-san, "celles envoyées au loin", Japonaises exploitées dans les maisons closes des pays du sud est asiatique (y compris l'Australie), de la fin du XIXe siècle au début du XXe.
Ici, la journaliste "débusque" à Bornéo une vieille femme vivant dans le dénuement et l'isolement, et gagne sa confiance pour qu'elle surmonte sa honte et lui raconte son passé.
Cette mise en abîme permet de rendre compte de la conspiration du silence d'un entourage qui refuse encore, dans les années 70, d'être associé à la condition déshonorante de ces victimes ; et donne à l'une de ces anciennes prostituées un rôle actif dans la restauration de la mémoire, tout en montrant la prise de conscience morale de la journaliste sur son rôle dans la vie de la vieille femme.
Le film est sobrement filmé, mais avec justesse.
Si je me base sur ce que j'ai vu pour l'instant, Kei Kumai s'intéresse aux personnes ostracisées (voir Aisuru).
Shohei Imamura a tourné sur le même sujet un documentaire témoignage en 1975 et une fiction en 1987.
https://www.senscritique.com/film/Karayuki_san_Ces_dames_qui_vont_au_loin/384174
https://www.youtube.com/watch?v=VEXtNIX387k
https://www.senscritique.com/film/Zegen_le_seigneur_des_bordels/417526
https://en.wikipedia.org/wiki/Karayuki-san
https://en.wikipedia.org/wiki/Sandakan_No._8