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Il y avait longtemps qu’un cinéaste n’avait pas aussi divisé la critique et le public comme ce Ruben Östlund. Le suédois fait partie de cette race de réalisateurs que l’on croyait éteinte, capable à chaque nouveau film de choquer, irriter ou de susciter l’admiration. Un cinéaste qui par sa démarche et son style peut se rapprocher des réalisateurs autrichiens (Michael Haneke, Ulrich Seidl….) ou danois (moins qu'avant quand même) qui eux aussi ont l’art de diviser.

Pour son troisième film Après Snow therapy et The Square (couronné d’une palme d’or à Cannes en 2017), Östlund nous entraîne dans une étrange croisière qui, au fil des minutes, va tourner à la catastrophe.

Avec Sans filtre, il dresse le portrait des personnages aussi attachants que détestables, placés dans des situations grotesques que seul un esprit génialement tordu comme celui de Ruben Östlund peut imaginer.

Au-delà de ses qualités de mise en scène indéniables, le film s’avère jubilatoire de bout en bout. De la même manière que la série HBO The White Lotus, (dont la saison démarre bientôt), Östlund entraîne le spectateur dans une histoire méchamment déjantée où petit à petit chacun va perdre ses repères, où le malaise va s’installer doucement pour aller vers quelque chose de totalement inattendu.

Ce qui est bien avec Ruben Östlund, c’est qu’il tape sur tout le monde, sans exception. Il ne fait pas de détail, ne s’embarrasse pas avec les sentiments et chacun en prend pour son grade. Chacun est montré sous un angle peu glorieux, quelque soit son rang social. Et il faut reconnaître qu’il fait ça très bien, nous offrant au passage quelques scènes mémorables avec des dialogues par moment jubilatoires… car, précisons que, malgré la méchanceté du propos, tout cela est d’une drôlerie incroyable.

Et même si dans ce registre, certaines choses ont déjà été dites et faites, dans les années 70, dans d’autres films, comme dans La grande bouffe, par exemple, si l’inversion de l’ordre social a déjà été traité de nombreuses fois au cinéma, Ruben Östlund a au moins le mérite de nous refaire le truc avec fun et sans aucune retenue.

BenoitRichard
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le 30 oct. 2022

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Ben Ric

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