C’est certes un film bien réalisé, au scénario bien ficelé, son dernier tiers rappelant avec un peu de lourdeur l’île des esclaves de Marivaux. Pour autant, la première partie du film ne m’a pas vraiment convaincue, les dialogues étant assez plats (deux influenceurs qui ne se parlent presque pas ou parlent de choses inintéressantes)ou trop lourds (insistance sur le motif de l’argent).

Le film parvient tout de même à captiver lors du « dîner du capitaine », qui exhibe, extériorise littéralement l’abondance exubérante de ces ultra riches. J’ai bien aimé le basculement dans l’hallucination collective même si j’en ai un peu ma claque des mares de caca dans les films primés à Cannes (un peu vu et revu), mais c’est tout de même assez hilarant.

Les bruits de mouches constants sont également très désagréables, au lieu de créer un sentiment de malaise et de contrarier le potentiel lyrisme, ils font juste chier.

Ce qui m’a le plus perturbé, c’est la morale du film qui au lieu de remettre à jour la lutte des classes, nous affirme que « tous les humains se valent », les riches courbant l’échine volontiers devant les skills de la femme de ménage devenue maîtresse du groupe de naufragés. Le film affirme également que nous sommes mus par une volonté de domination souhaitable, devenant une promesse de bonheur (la fin nous montre qu’Abigail refuse de quitter cette position de pouvoir et les privilèges qu’elle vient d’acquérir). Donc le réalisateur privilégie l’essentialisation de « pulsions » de domination, qui seraient propres à l’Homme en tant qu’animal social (dispositif du dernier tiers en expérimentation très XVIIIe), au lieu de véritablement caractériser des dynamiques sociales …

Même si la volonté de mettre à mal la classe dominante est clairement montrée, le propos tend à s’inverser à la fin du film, ce que je trouve un peu contradictoire dans la démarche.

PS : pas compris la fin avec

La course du mannequin ? Étrange note finale donc.

Martin_cch
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le 27 nov. 2024

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Martin_cch

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